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Période post Covid-19 : pour les salariés de la grande distribution, le monde d’après ressemble finalement au monde d’avant

Ils étaient les Héros de l’ombre de cette crise.

Jonathan Le Borgne
Jonathan Le Borgne

Largement exposés ces dernières semaines face à l’épidémie du coronavirus qui a touché la France, les salariés de la grande distribution regrettent la reconnaissance éphémère du travail fourni pendant cette crise.

La deuxième ligne : c’est ainsi qu’Emmanuel Macron avait désigné les salariés au front lors d’une allocution. Un mot comme une forme de reconnaissance pour tous les professionnels du secteur mobilisés sur le terrain. Les employés de rayon, les caissières – qui ont été beaucoup citées -, les transporteurs, les agents de sécurité, les agents d’entretien et bien d’autres ont fait preuve de courage pour surmonter cette crise et aider les magasins à “nourrir” la population. Une nécessité dans le monde confiné que les Français ont connu.

Mais pas facile toutefois de garder cette cape du superhéros. Bien avant le déconfinement, l’idée d’un retour à la normale était déjà redoutée par les professionnels. « Quand tout sera fini, ça redeviendra comme avant », alertaient déjà nombre d’entre eux. Ils avaient sans doute vu juste. « Les clients, les médias… on nous a laissés croire qu’un changement était possible, mais depuis la fin de la crise, les choses sont revenues comme avant », regrette ici cet autre salarié.

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Un goût amer de retour à la normale

À en croire les salariés présents sur le terrain, ils sont désormais bien loin les bravos et les mercis des clients. Si la crise sanitaire a été l’occasion d’exposer ces salariés auparavant peu considérés, mais dont le confinement a rappelé l’importance de leur mission, la reconnaissance appartient au passé. Certains salariés seraient même nostalgiques du temps où on leur accordait un peu de crédit. « C’était un effet de mode » ironise presque ce manager.

Reconnus, applaudis, remerciés, adulés pendant le confinement, les salariés de la grande distribution ont aujourd’hui un goût amer : « Rien n’a changé non. Les métiers exposés pendant la crise le seront beaucoup moins demain. Le Français a la mémoire courte », explique ce responsable de magasin.

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Des salariés exposés aux caprices des clients

La crise aura été le révélateur des incivilités des clients à l’égard des professionnels de la grande distribution. Le monde du commerce n’est pas fait que de « bonjour » poli ou de sourires. Non. Au contraire même, les salariés subissent chaque jour les réclamations et les mécontentements des clients. « Ce n’est pas faute de s’armer de patience », raconte cette caissière, « au fil que les semaines de confinements s’allongeaient, les clients étaient de pire en pire et désagréables au possible. La crise n’a rien changé ».

« J’exerce le métier de caissière depuis 4 mois maintenant donc je n’ai peut-être pas le recul nécessaire, mais à part quelques politesses, cette crise ne change pas grand-chose à notre quotidien. Bien évidemment, une grande majorité des clients restent respectueux, mais cela contraste toujours avec les comportements agressifs de certains » nous explique cette salariée.

Quid de la prime de 1000 euros ?

« Caissière, éboueur, livreur…La crise a révélé ces métiers essentiels » : en mai dernier, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, encourageait à nouveau les entreprises à verser une prime exceptionnelle. La fameuse prime de 1000 euros qui a fait beaucoup débat auprès des professionnels du secteur.

Depuis, le versement de cette prime, qui rappelons-le est un versement de l’entreprise et non pas de l’État comme certains ont pu le penser, est très aléatoire. Tous les salariés n’ont pas été logés à la même enseigne et nombreux sont ceux à ne pas avoir touché cette prime.

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Des magasins ont joué le jeu

« Au sein du E.Leclerc, le patron nous a versé une prime de 900€, ainsi qu’un bon d’achat de 100 euros à valoir dans la galerie commerciale du magasin », explique cet employé.

« Promesse tenue par Monsieur Bompard » explique cet étudiant d’un Hypermarché de l’enseigne qui explique que même les contrats précaires ont eu le versement de cette prime.

« Dans notre magasin, le versement de la prime est en cours de discussion. Le versement de la prime pourrait se faire en deux fois : 400 euros sur notre carte de fidélité et 400 euros sur le salaire ».

Selon les nombreux commentaires que nous recevons, le montant des primes varie. Nombreux sont aussi à ne pas la recevoir de la part de leur employeur. Aucun sondage ne permet réellement de connaître la proportion de ceux qui l’ont réellement reçu.

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D’autres la jouent Système D

Au moment des annonces, de nombreux salariés d’enseignes indépendantes précisaient qu’aucune prime ne leur serait versée. En revanche, les magasins ont tâché de remercier les salariés sous d’autres formes. « Dans notre Super U, le patron nous a proposé la récupération des invendus des chocolats de Pâques. C’est mieux que rien », sourit cet employé.

En plus de cette prime, la ministre du Travail annonçait vouloir « convoquer les branches professionnelles concernées pour que l’on regarde comment elles peuvent, dans leurs classifications, dans leur évolution de salaires, prendre en compte ces métiers qui ont besoin d’être valorisés. » Reste à savoir si les choses peuvent évoluer dans le bon sens pour valoriser ces métiers.

Enseigne

Jonathan Le Borgne Twitter

Éditeur de Je Bosse en Grande Distribution. Passionné par la transition numérique des entreprises. Consultant, formateur et stratège en communication digitale pour la grande distribution.

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