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« La marche était trop haute » : ces managers qui ont demandé à être rétrogradé

Un sujet peu évoqué mais qui concerne de nombreux managers chaque année.

Jonathan Le Borgne
Jonathan Le Borgne

C'est un sujet un peu tabou dans le monde de l'évolution professionnelle. Autant on valorise les salariés qui sont promus manager ou responsable ou plus, autant on passe sous silence ceux quoi font le choix de revenir en arrière. La rétrogradation est portant une réalité fréquente en grande distribution. Marche trop haute, horaire à rallonge, trop de pression, responsabilité trop importante, absence de reconnaissance, manque de formation aussi, certains font le choix de revenir en arrière.

Car manager une équipe en grande distribution ne s'improvise pas. Plus qu'une promotion, c'est surtout une compétence qui est réclamée par l'entreprise, celle de savoir mener une équipe.

Pour certains, la marche est trop haute : « la marche était trop haute pour moi je n'étais pas fait pour ça », explique ici cet ex-manager chez Carrefour, « même si j'ai appris beaucoup de choses, j'ai préféré revenir à mon cadre de vie d'avant », poursuit-il, « certes il y avait une hausse de salaire, mais j'avais perdu en équilibre perso. Je travaillais trop et je ne pouvais plus être là pour mes enfants », résume-t-il.

Comme ce salarié, ce retour en arrière s'explique par les conséquences que comprend le métier de manager. Plusieurs études l'ont déjà démontré, 80 % des Français ne souhaitent pas devenir managers. Nombre d'entre eux redoutent le stress, l'administratif et le manque de reconnaissance.

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En quoi consiste la rétrogradation ?

Tout d'abord, une rétrogradation consiste à descendre son niveau hiérarchique dans l'entreprise. Bien souvent en grande distribution, la rétrogradation concerne des managers qui souhaitent reprendre un poste d'employé ou d'adjoint de manager.

À noter qu'il existe deux types de rétrogradations :

  • la rétrogradation volontaire : celle qui est initiée par le salarié et qui souhaite revenir à un poste qui correspond à ses attentes et besoins dans l'entreprise ;

Dans ce cas précis, le salarié doit fournir un courrier écrit expliquant son souhait d'être rétrogradé. En général, l'employeur accepte et un avenant au contrat doit être contractualisé.

  • la rétrogradation involontaire : celle décidée par l'entreprise qui considère que la personne au poste n'est pas suffisamment compétence pour l'enrôler.

Dans ce second cas, la rétrogradation nécessite le consentement du salarié. Si refus du salarié, cela peut entrainer une sanction disciplinaire.

Une incompétence au poste de plus en plus assumée

Être manager ne fait pas toujours rêver. Pour certains, ils le sont devenus un peu par défaut, faute de manager recruté : « On m'a nommé manager un peu du jour au lendemain. J'ai accepté le poste, car on m'avait proposé une formation qui n'est pas venue, mais je n'ai aucune formation dans le management », décrit ici un manager qui a fini par demander sa rétrogradation, « je me suis noyée dans ce poste, ça m'a provoqué des insomnies, un surplus de stress et d'autres désagréments. Je préfère me concentrer maintenant sur ma vie familiale ayant des problèmes. J'ai demandé alors une rétrogradation de poste à mon patron. Il m'a dit que c'était bon, mais sans préciser de date ou autre, en me disant que ça peut lui prendre des mois et des mois pour me trouver un remplaçant », conclut-il.

Le stress est la raison principale de ces rétrogradations. Certains managers ne la tolèrent pas, sans doute en ayant minimisé la compétence pour réussir à ce poste : « être manager demande à savoir encaisser la pression. Le problème c'est qu'on est souvent seul devant ses responsabilités et on peut attendre pour avoir de la reconnaissance », regrette ici un manager. 

Le manque de soutien et de reconnaissance est aussi une raison fréquente à ce souhait de revenir à un métier moins stressant : « il y a peu de reconnaissance sur ces métiers et surtout il y a le désaccord sur certaines méthodes de travail décidées sans concertation avec les managers. Le manager c'est l'homme-sandwich entre les équipes et la direction, c'est très dur », relate un autre ancien manager.

Dédramatiser la rétrogradation

Comme lui, beaucoup regrettent d'être à cheval entre deux parties, le terrain et la direction, « la direction est souvent trop éloignée du quotidien du terrain », soumet ici un manager, « les managers aujourd'hui ne sont que des personnes qui mettent en oeuvre les décisions hiérarchiques déconnectées de la réalité. Le responsable doit trouver des solutions pour résoudre les problèmes ou pour s'orienter vers l'objectif fixé », complète-t-il, « faut pas s'étonner que certains quittent l'entreprise après ça », décolère l'un d'eux.

Pour d'autres, accepter de devenir manager, c'est aussi s'éloigner des gens : « du jour au lendemain, vous passez de collègue à manager. J'ai certaines de mes collègues qui n'ont pas apprécié mon changement de statut que je doive parfois donner des ordres, j'ai fini par demander ma rétrogradation », poursuit-elle

En soi, demander une rétrogradation ne doit pas perçu comme un échec : « tout le monde n’est pas fait pour être manager », explique ici ce manager, « mieux vaut assumer et s'en rendre compte très tôt plutôt que de répandre votre stress aux autres », conclut-il.

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Jonathan Le Borgne Twitter

Éditeur de Je Bosse en Grande Distribution. Passionné par la transition numérique des entreprises. Consultant, formateur et stratège en communication digitale pour la grande distribution.

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