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Ex-salariés chez Casino, la (redoutée) vie d'après

Une page se tourne du côté de l'enseigne Casino.

Jonathan Le Borgne
Jonathan Le Borgne

Après des années difficiles, Jean-Charles Naouri a quitté l'entreprise ce 25 mars, laissant derrière lui un empire déchu et des milliers de salariés sur le carreau.

La lettre d'adieu de Jean-Charles Naouri aux salariés de Casino

L'ex-président de Casino a tenu à adresse une courte lettre à ses salariés. Derrière un « profond respect », l'ancien président qui a quitté le groupe ce 25 mars après le rachat des magasins par Intermarché, Auchan et Carrefour, a tenu à faire ses « indéfectibles remerciements » aux milliers de salariés de l'enseigne.

« En 1992, lorsque j'ai décidé de bâtir un groupe de distribution moderne, j'ai souhaité que Casino, notre entreprise, votre entreprise, fasse vivre partout et pour toutes et tous des valeurs de progrès social, d'innovation et d'anticipation. Avec chacun d'entre vous, je suis fier d'avoir pu écrire cette histoire qui ne ressemble à aucune autre », raconte-t-il.

Derrière lui, il laisse des salariés dans l'attente et l'expectative. Beaucoup d'entre eux ne connaissent pas encore la date de reprise de leur magasin et ne savent pas « à quelle sauce on va être mangé », regrettent de nombreux salariés. « J'ai totalement conscience que le contexte actuel est difficile pour la plupart d'entre vous », explique-t-il d'ailleurs dans les derniers mots de cette lettre.

Cette lettre d'adieu a fait couler beaucoup d'encres parmi les salariés : « il est fier d’avoir coulé un groupe historique ? » interpelle un salarié. « Il faut être sacrément déconnecté pour écrire des choses pareilles », témoigne un autre.

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Du côté des salariés, le désarroi se mêle à la tristesse, l'attente, l'angoisse... 5000 départs sont d'ores et déjà annoncés aussi bien en magasin que dans les fonctions administratives et logistiques.

« Dans notre magasin, plus de la moitié de l'équipe a déjà démissionné ou est en arrêt pour dépression », explique ici une salariée de ce magasin de 110 personnes qui passera sous pavillon Intermarché à sa reprise courant 2024. « C'est hyper angoissant de ne pas savoir ce que sera demain », explique une consoeur.

« Pour l'instant, mon magasin n'est pas dans la liste des 'repris', donc c'est angoissant et stressant d'attendre la fermeture dont on ne connait même pas la date », regrette ici une salariée.

Pour celles et ceux qui ont déjà basculé sous la nouvelle enseigne, les temps sont aussi moroses : « on est passé chez Intermarché en fin d'année, mais pour notre direction nous sommes trop "Casino" et au final rien ne va », regrette cette salariée. « Bien entendu tout dépend des adhérents. Mais dans tous les cas, ce qui les embête ce sont les accords Casino que nous avons pendant 15 mois. Dans les accords, nous avions beaucoup d'avantages, des pauses, des modulations. Peu de magasins les respectent », détaille ici une salariée, « nous sommes contents d'avoir été repris comparé à certains de nos collègues. On sait qu'Intermarché n'a pas l'habitude de travailler des Hyper, de base ce sont des Super et ils n'ont pas de C.S.E, de syndicats...donc oui c'est très compliqué. Un p'tit Casino vers chez nous est passé Inter en même temps et tout les anciens salariés du groupe démissionnent », raconte-t-elle.

Idem pour ce salarié dont le magasin Franprix est passé Netto : « on change du tout au tout. Entre Franprix et maintenant Netto, ce n'est pas du tout la même musique », explique ici un salarié.

Une pointe d'optimisme pour certains salariés

Certains salariés se veulent toutefois optimistes : « personnellement, on verra bien. Peu importe l'enseigne, on sait que le travail restera le même finalement », explique cette employée de 57 ans chargée de la mise en rayon et de la caisse. « Il y aura du changement sans doute dans les conditions de travail, mais je ne suis pas plus inquiète que ça », explique-t-elle.

Même confiance pour ce salarié : « je suis plus confiant depuis que je sais que mon magasin va être repris par Carrefour », explique-t-il, « ça reste une enseigne intégrée et un fonctionnement qu'on connait », complète-t-il tout en ajoutant, « cela n'empêche pas le sentiment d’un immense gâchis. Casino était une belle marque qui va quasiment disparaitre, tout ça parce qu’on n’a pas écouté la base, le « carrelage », déplore ce salarié, « le Groupe avait tout pour réussir, tous les formats, une multitude de marques. Il y a quelques années, nous avions une image de qualité et des professionnels dans les magasins.Une page se tourne », s'attriste-t-il.

MétierEnseigne

Jonathan Le Borgne Twitter

Éditeur de Je Bosse en Grande Distribution. Passionné par la transition numérique des entreprises. Consultant, formateur et stratège en communication digitale pour la grande distribution.

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