Ce qu'il faut savoir sur la consommation de Produits Locaux en grande distribution

Les circuits-court ont le vente en poupe. De plus en plus plébiscité par les consommateurs, poussés à réviser leur mode de consommation devant l'urgence climatique et la hausse des émissions de CO2, consommer local - et de saison - est plus que jamais tendance.

La grande distribution a un rôle à jouer pour s'adapter aux nouvelles attentes des consommateurs. En 2023, ils étaient d'ailleurs près de 50% à considérer la consommation locale comme un engagement important et 75% se disaient prêt à choisir un produit produit localement.

Mais dans les faits, il y a un paradigme entre l'intention d'achat et la réalité du porte-monnaie. Malgré un intérêt grandissant pour les produits locaux, ceux-ci peinent toutefois à décoller dans les rayons.

Dans cet article, on revient sur les éléments clés de la consommation de produits locaux en France.

« C’est une relation avant tout » : quelle place pour l’offre locale en grande distribution

Consommer local. Consommer mieux. Consommer responsable. Les enseignes de la grande distribution ne jurent que par cette tendance. Mais au fait, où s’arrête le local ?

Je Bosse en Grande DistributionJonathan Le Borgne

Définition d'un produit local : ça veut dire quoi concrètement ?

Sur le papier, local rime avec environnement, économie locale, juste rémunération des producteurs, qualité. En magasin, le service communication tapisse l’entrée des magasins des portraits de producteurs locaux, affiche en grand la carte des producteurs partenaires, décore les joues de gondole, signale un produit via des stop-rayon, organise des marchés de producteurs.

Mais ça veut dire quoi local au sens de la grande distribution ?

Selon les enseignes, toutes n'ont pas la même définition de l'offre locale. À en juger les programmes des enseignes, on s'aperçoit que c'est une question d'une dizaine de kilomètres.

Voici par exemple les programmes mis en place par les enseignes pour valoriser les circuits courts :

• Les Alliances Locales par Leclerc considèrent un produit en circuit court dans un maximum de 100 kilomètres autour du point de vente ;
• Producteurs d'Ici par Intermarché dans un rayon de 70 kilomètres ;
• Le Meilleur du Local par Système U parle de 250 kilomètres ;
• Le Carrefour des Producteurs par Carrefour évoque 80 kilomètres ;
• Auchan Solidaires ou A2pas d'ici par Auchan ne le mentionne pas ;
• Made in pas très loin par Monoprix ne le mentionne pas non plus ;

À noter que cette tendance de la consommation locale dépasse les frontières de la consommation alimentaire. Cette tendance touche aussi l'univers des cosmétiques, de l'habillement - où on parle d'ailleurs plus souvent de « Made in France », même si des solutions régionales existent. L'automobile et l'électroménager sont aussi des secteurs où la localisation de la production est un critère clé.

La consommation de produits locaux représente en moyenne 3% du chiffre d'affaires

Dans un marché alimentaire qui pèse près de 185 milliards d'euros en 2023, la consommation de produits locaux reste marginale. En moyenne, cela représente quelques pourcent selon la taille du magasin :

• en 2022, pour un supermarché, la part du chiffre d'affaires de produits locaux représente 3% ;
• pour un hypermarché, ce chiffre descend à 2,2% ;
• et pour les magasins hard discount, cela représente 0,8% ;

Cette barre de 3% semble d’ailleurs être un plafond. Au grand maximum, le chiffre d’affaires en provenance des produits locaux pourrait ne jamais dépasser les 5%, compte tenu de l’offre et la capacité de production.

Un marché de 40 milliards d'euros

Là encore, c'est difficile à estimer par manque d'une définition précise. Mais, le marché de la consommation locale serait d'environ 40 milliards d'euros selon une étude qui comptabilise comme local l'ensemble des produits bruts consommés dans la région de production et tous les produits transformés par des PME / TPE

L'étude en question va même jusqu'à dissocier les produits sous appellation officielle d’origine et de qualité (AOP, AOC, IGP, STG, et Label Rouge) pour une évaluation de 8 milliards d'euros.

La mise en avant des produits locaux dans les rayons d’Intermarché Pleurtuit

Découvrez comment Intermarché met en avant les produits locaux dans ses rayons, favorisant ainsi le développement économique des régions et offrant aux consommateurs une expérience d’achat plus authentique et responsable.

Je Bosse en Grande DistributionJonathan Le Borgne

Une consommation locale qui varie fortement selon les rayons et les régions

Selon Statista, les rayons qui vendent le plus de produits locaux sont les rayons crèmerie, traiteur et charcuterie.

Et les chiffres évoluent même en fonction des régions. En Bretagne et en Grand Est, la consommation locale pèse jusqu'à 5% du chiffre d'affaires d'un point de vente.

Le prix reste le critère principal, devant la consommation de produits locaux

Si la tendance de consommer local est réelle, dans les faits elle ne s'observe pas vraiment dans les habitudes de consommation des ménages puisque, malgré un intérêt réel pour les produits locaux, seulement 5% des Français s'approvisionnent sur des marchés et seulement 3% s'approvisionnent directement chez des producteurs.

Malgré l'essor de la vente directe comme les magasins de producteurs, AMAP, drives fermiers ou encore des projets comme La Ruche qui Dit Oui, la consommation locale pèse encore pas très lourd dans la balance.

En somme, la grande distribution demeure aujourd'hui incontournable pour 70% qui choisissent les enseignes du secteur pour y faire leurs courses. Elle a donc une responsabilité très forte pour proposer une offre locale et soutenir l'économie locale.

Ce comportement s'explique en partie par le prix. En effet, le frein principal à la consommation de produits locaux est des prix souvent élevés. Une étude révélait d'ailleurs en 2023 que 70% des Français indiquaient refuser d'acheter des produits « Made in France » en raison de leur prix jugé trop cher.