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« C’est le bordel ! » : comment la grande distribution s’organise pour accueillir les clients

Rayons bâchés, délimitations : les enseignes de la grande distribution s’apprêtent à accueillir les clients dans une ambiance… inédite.

Jonathan Le Borgne
Jonathan Le Borgne

Le décret qui dessine les contours de ce que sont les produits de première nécessité sera effectif ce mercredi.

En déambulant dans certains magasins aujourd’hui, certains clients ont eu la drôle d’impression de ne plus reconnaître leur magasin. Des rayons bâchés, des sens de circulation à tout va, des limitations et des accès interdits, les magasins de la grande distribution se sont parés d’un drôle de costume. Des magasins fantômes.

Depuis 2 jours, les magasins s’affairent. C’est la course contre la montre pour bâcher les rayons et dresser des limitations. Une vraie pagaille et une situation inédite qui frôlent l’absurde et qui a nécessité aux enseignes de la grande distribution une bien curieuse organisation.

La liste des produits autorisés et interdits à la vente

Le décret a confirmé l’interdiction de plusieurs rayons dans les magasins jugés non essentiels :

  • les jouets
  • le textile
  • les bijoux
  • la décoration
  • les fleurs
  • l’électroménager
  • le maquillage
  • les livres, CD et DVD.

Sont autorisés en revanche :

  • l’alimentaire et boissons
  • la presse
  • les produits d’hygiène
  • l’entretien
  • la jardinerie
  • la quincaillerie
  • la papeterie et l’informatique.

Une organisation à mettre en place dans les magasins

« On a beau s’y attendre ça fait mal… » témoigne abasourdie ce responsable de rayon en regardant ses rayons bâchés. « Surréaliste », ajoute cette employée. Sur le terrain, les héros de mars sont devenus les petites mains des décisions politiques.

Les décisions prises par le gouvernement en faveur des petits commerces a des effets de bord en grande distribution. Ces exigences attendues de la part des enseignes viennent ajouter de la lourdeur à un climat déjà difficile : « c’est quand même particulier tout ça. Comme si ce n’était pas assez anxiogène comme ça », complète cet employé.

Cela suppose également une organisation à mettre en place pour les emplois. Les employés concernés par les rayons se retrouvent casés ailleurs. Certains sont mêmes remerciés : «  dans le magasin, ça fait une sacrée quantité de personnes à caser. Du coup, tous les contrats CDD prévus et autres étudiants sont supprimés », concède ce manager.

Les patrons d’enseignes dénoncent un « bordel »

« C’est le bordel ! ». C’est Michel-Édouard Leclerc qui le dénonce à travers les réseaux sociaux. Le patron de l’enseigne leader en France n’a pas manqué de réagir face au décret obligeant les magasins à s’organiser. Sur le terrain, les efforts sont colossaux. On demande aux équipes, déjà surchargés par la crise sanitaire de retirer des rayons les produits non essentiels.

Une situation qui accable par son caractère absurde dénonce le patron :  « le gouvernement a décidé que plutôt que de laisser ouvrir d’autres commerçants, la justice passait par la fermeture de nombreux rayons des hypers ». Une affirmation à laquelle Dominique Schelcher renchérit sur Twitter : les « gagnantes du jour : les plateformes, Amazon en tête. Drôle d’idée que cette équité-là, quand l’équilibre commanderait d’ouvrir les commerces de proximité ».

Une communication taillée pour contrer Amazon

Face à ces exigences, les magasins s’arment donc de patience et ne se prient pas pour rappeler l’exode probable des consommateurs vers les plateformes en ligne. Amazon en tête que tout le monde aime taper en ce moment. Dominique Schelcher a tenu à souligner que les enseignes poursuivaient leurs efforts pour vendre des produits non essentiels par « par des biais autorisés, le e-commerce. Les clients pourront acheter leurs cadeaux de Noël sur notre site », a déclaré le patron de l’enseigne Système U.

Devant la concurrence Amazon, les enseignes ont mis en place une communication pour le moins originale en incitant les clients à non pas fréquenter le géant américain, mais plutôt les sites ecommerce des enseignes nationales. Exemple ici avec le Leclerc de Plougastel qui a osé le jeu de mots.

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Jonathan Le Borgne Twitter

Éditeur de Je Bosse en Grande Distribution. Passionné par la transition numérique des entreprises. Consultant, formateur et stratège en communication digitale pour la grande distribution.

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