Voilà un effet de bord qui fait mal aux emplois. La fermeture des rayons non essentiels provoque des effets indésirables laissant sur le carreau bon nombre de professionnels. Ils sont en CDD, étudiants, intérimaires… nombre d’entre eux s’inquiètent de leur sort pour les prochains mois.
Dans un contexte où il ne fait pas bon perdre son emploi, de nombreux salariés ont été mis sur le carreau.
160 000 salariés en rayon non essentiel
Sur les près de 700 000 salariés en France travaillant dans la grande distribution, 160 000 d’entre eux sont affectés à des rayons non essentiels. Les récentes décisions mettent en péril des centaines de milliers d’emplois dans la grande distribution, que ce soit dans les magasins d’une part, mais également tout au long de la chaîne (entrepôts, transports, etc).
Des employés au chômage partiel
Pour le moment, beaucoup d’employés ont été recasés dans des rayons jugés comme essentiels : « chez nous les employés seront dans d’autres rayons », rassure ce responsable.
Néanmoins, tous ne bénéficient pas du même sort. En magasin, les intérimaires ont déjà été remerciés : « le magasin a dégraissé les effectifs en remerciant les intérimaires et les étudiants », explique cette manager. Même récit expliqué par cette intérimaire : « je suis intérimaire en contrat depuis la semaine dernière et hier matin, après avoir ouvert ma caisse, on m’a dit de partir », s’attriste-t-elle.
Pour cette manager, les décisions sont difficiles : « cette semaine, c’est compliqué d’expliquer à un étudiant qu’à la fin du mois il devra payer son loyer autrement, car on a maintenant trop de mains d’oeuvre et donc plus besoin de lui ».« Malheureusement, quand y a trop de personnel les CDD et intérim qui trinquent cette situation était prévisible. Les CDD ne sont pas reconduits et les étudiants ne sont pas contactés, car il faut “recaser” le personnel des rayons non essentiels, car le chômage partiel n’est pas possible chez nous ».
Quid des animateurs points de vente
Les salariés en magasin ne sont pas les seuls concernés par ces mesures. Les rayons essentiels aussi.
Animateurs commerciaux, merchandiseurs, comme lors du premier confinement, ont également vu leur activité fortement ralentie nette avec ce second confinement dans les rayons essentiels. Ces professionnels de l’ombre, qui sont souvent le prolongement de l’activité dans les magasins, s’inquiètent. Les animateurs commerciaux exercent souvent sous des CIDD (contrat d’intervention à durée déterminée).
Pour cette société de gestion de force de vente, « ce sont 100 à 150 animateurs embauchés par mois », explique Julie De Heaulme, gérante du Cercle du GrandGousier, « à partir du 17 mars, l’activité a déjà été stoppée à 100% jusqu’à mai ». Le coup est dur pour une population « qui a à 60% au-delà de 50 ans, dont beaucoup de retraités pour qui le travail est un moyen de compléter leur retraite et un moyen de conserver le lien social », explique-t-elle.
Une situation qui exaspère les professionnels contraints de ne plus pouvoir arpenter les magasins : « nos animateurs respectent les gestes barrières, pour nous rien ne change dans l’exercice de notre mission. Le refus d’exercer des animateurs est un principe précaution à l’égard des salariés de la grande distribution. Tous les magasins ne justifient pas leur décision », concède-t-elle.
« Les animateurs sont là quand les magasins ont besoin d’eux. Aujourd’hui, inversement, on a aussi besoin d’eux pour garder nos entreprises », explique Julie De Heaulme, gérante d’une société locale.
Outre les contrats précaires, se sont aussi plusieurs TPE/PME dont l’activité est mise en péril. La grande distribution est en effet un secteur au centre d’une économie complète et complexe à la fois. Les récentes prises de position des patrons d’enseignes vis-à-vis des TPE/PME démontrent à quel point le secteur est un levier économique incontournable pour de nombreuses entreprises qui gravitent autour.