Peu habitués à être dans la lumière, les professionnels de la grande distribution sont aujourd’hui fortement exposés dans cette crise liée au coronavirus. Les métiers de ces professionnels de la “deuxième ligne” restent pour autant peu connus du grand public.
Ils s’appellent Thomas, Marie, Mehdi, Natacha, Youcef ou encore Amira. Ces prénoms, vous les avez vus sur de nombreuses pages Facebook de magasins, l’occasion de remercier tous ces professionnels qui sont aujourd’hui au front.
Ils sont employés, hôtesses de caisse, étudiants, managers, directeurs et bien d’autres métiers encore. Sans eux, les rayons dans les supermarchés seraient vides, personne ne vous accueillerait en caisse pour scanner vos achats et vous ne pourriez pas récupérer vos courses que vous avez réalisés sur les sites drives des enseignes.
Ces professionnels habituellement dans l’ombre sont aujourd’hui reconnus pour leur travail et largement remercié par les patrons d’enseigne et les autorités politiques. Comme de nombreux professionnels, ils participent activement à cette activité économique durant cette crise sanitaire.
Courage ! Il y a toujours quelque chose à faire. Chaque jour vous apporte de nouveaux problèmes à résoudre. Les possibilités ne sont jamais complètement épuisés, ni toutes les places occupées. Et entreprise infiniment modeste peut être un monde d’idées qui donne la joie de vivre. Même dans la sphère de macaronis, des prunes et du café, il y a des idées qui révolutionnent et des victoires à gagner par les jeunes.Gottlieb Duttweiler (1888-1962), fondateur de Migros
La grande distribution est de ces secteurs souvent critiqués. Les étudiants ont d’ailleurs souvent la fâcheuse tendance à ignorer ce secteur. Il est loin le temps où le secteur attirait les jeunes actifs pour leur offrir des carrières tremplin. C’est la raison pour laquelle, nous sommes allés à la rencontre de ces travailleurs pour comprendre pourquoi ils avaient choisi ce secteur. On y retrouve plusieurs types de profils :
Pourquoi la grande distribution ?
Une réponse revient souvent quand on pose cette question : “par hasard”. Au départ, la grande distribution n’attire pas les regards. “J’y suis tombé par hasard suite à mon job étudiant en station service” commence par raconter cet employé : “ne trouvant rien dans ma branche, j’ai commencé par travailler à la station service d’un hypermarché avant de finir au drive. Aujourd’hui ça fait presque 6 ans que ça a commencé”.
Souvent faute de choix ou subissant les aléas de la vie, ils choisissent ce secteur “complètement par hasard” assure un manager expérimenté. “J’étais jeune papa et ma compagne du moment ne travaillait pas. Il me fallait un travail pour subvenir aux besoins de la petite famille donc j’ai pris ce qui est venue. Aujourd’hui ça fait 20 ans que j’y suis” sourit-il.
Un autre employé explique également que cette arrivée dans le secteur s’est faite “par hasard en arrivant dans une nouvelle ville. J’avais besoin de bosser donc j’ai déposé mon CV un peu partout dans les métiers de la vente. La grande distribution n’était pas mon premier choix mais pour moi le principal c’était d’avoir du contact avec les gens” précise-t-il.
Les carrières longues sont encore possibles dans ce secteur. “10 ans de carrière en grande distribution et je n’ai aucun regret. J’y suis rentré par pur hasard et c’est une réelle superbe aventure humaine”.
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Des records de longévité pour certains professionnels
Ces cas de figure précédents sont nombreux dans le secteur. Dotée d’une réputation un peu ternie, la grande distribution n’est pas toujours le premier choix de ces professionnels. Pourtant nombre d’entre eux y réalise toute leurs carrières.
“J’y suis rentré par hasard” raconte ce manager de 47 ans., “il fallait que je travaille alors je me suis dit, et pourquoi pas la grande distribution”.Un de ces confrères au parcours similaire complétera en précisant “que j’aime mon boulot !”.
Un retraité du secteur racontera qu’il est entré dans la grande distribution avec “un CAP de boulanger en poche à l’âge de 17 ans”. Une entrée qui ne rajeunit pas ce salarié “embauché à l’époque à Euromarche en 1976, j’ai fait toute ma carrière dans le même magasin. Je viens de prendre ma retraite en novembre dernier après 43 ans de carrière”.
Plus jeune, ce salarié racontera quant à lui qu’il “adore son travail après 18 ans de carrière”.
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Des curieux qui font carrière et gravissent les échelons
La grande distribution reste encore un des rares secteurs en France à garantir l’ascenseur social. Si les passerelles et les évolutions sont certes plus complexes que par le passé, elles existent toujours. Nombre de patrons d’enseignes sont souvent passés par la case terrain.
Ce téméraire raconte au sein de la communauté “qu’au bout de 3 jours au drive, j’ai voulu abandonner car je n’y arrivais pas, je pensais que c’était trop dur pour moi. Sauf que les opportunités d’évolution en interne, le fait qu’il y ait pas besoin de diplômes pour avoir un poste à responsabilités, l’esprit d’équipe, la relation client, les challenges à relever” ont largement contribué à ce qu’il poursuive sa carrière dans ce métier.
“Après mes études d’histoire et des échecs à des concours, j’ai fini par postuler dans un magasin. Trois mois après mon arrivée et une formation, je suis devenue responsable de rayon. Moi j’ai tout appris sur le tas et j’en suis fier d’exercer ce métier, c’est passionnant chaque jour !”. “
“J’aime le contact avec la clientèle, les fournisseurs et l’esprit d’équipe qui règne entre collègues” : comme nous cet employé présent en grande distribution depuis 11 ans, “la grande distribution c’est aussi une vraie famille, des collègues qui deviennent des amis. De vrais liens se créent entre nous”.
“Je suis rentré en grande distribution parce que le secteur m’a toujours intrigué” raconte cette employée d’un drive, “et je voulais un métier qui bouge”. Si ces professionnels reconnaissent souvent la difficulté de leur métier et les contraintes, ils avouent souvent passer outre les inconvénients qui incombent au secteur : “c’est plus beau métier du monde pour moi. Malgré les galères, les imprévus, ça reste un boulot où tu touches à tout et dans lequel tu ne t’ennuie jamais. Quand je me lève le matin, je vais au boulot le coeur léger” insiste cet employé d’un magasin franchisé.
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Des inconvénients mais aussi beaucoup d’avantages
On ne peut pas dire que la grande distribution jouit une grosse réputation. Écornée, l’image des magasins fait souvent fuir les jeunes diplômés. “Il n’y a pas que du mauvais dans la grande distribution. Ça fait bientôt 5 ans que j’y travaille et certes il y a des avantages et des inconvénients mais c’est un rythme à prendre” explique cet employé de rayon traditionnel.
Un autre salarié, d’un drive cette fois-ci reconnaît “ que c’est dur physiquement et moralement. Il y a des hauts et des bas au quotidien”. Des inconvénients qui n’entament toutefois pas sa motivation : “ j’aime ce que je fais” insiste-t-il “ça fait 9 ans que j’y suis et j’adore mon travail, je ne cautionne pas faire autre chose dans ma vie”.