Parmi les peurs du quotidien, il y a aussi les impolitesses et les marques d’irrespects des clients envers les professionnels qui sont au front.
C’est avec une forte et lourde pression sur les épaules qu’elles rejoignent leur caisse. Devant leur vitre en plexiglas, leur quotidien a plus que jamais changé : “sans aucun doute il y a aura un avant et un après coronavirus” raconte cette hôtesse de caisse, “le regard des gens a changé envers nous. Les gens nous considèrent comme des machines”.
Un surplus de pression au quotidien
Pour nombre d’entre elles, le métier qu’elles exercent depuis plusieurs années n’a rien à voir avec leurs nouveaux quotidiens : “après un surplus de pression et de réflexions méchantes de la part des clients, j’ai terminé en larmes à ma caisse. J’ai perdu mon sang-froid.. “ raconte cette hôtesse de caisse. Après 15 jours de confinement, et un fort investissement de la part de ces professionnels, la pression est à un niveau très élevé. Nombre d’entre elles ont annulé leurs vacances, sacrifié leurs jours de repos et cumule les heures supplémentaires pour être au service du magasin dans cette crise du Covid-19 que travers le pays.
Pour cette responsable de caisse expérimentée, “le lundi 17 mars restera une journée noire pour moi et mon équipe. J’ai fini en pleures sur ma caisse. C’était un trop-plein de pression. Forcément les nerfs finissent par lâcher”. Beaucoup d’entre elles reconnaissent qu’il n’est “pas facile de ne pas céder à ces différentes pressions et de craquer avec des clients toujours aussi méchants. Ce n’est pas parce que le client est roi qu’il faut se laisser faire” explique l’une d’elles.
Lire aussi : Après 15 jours de confinement, comment les salariés de la grande distribution vivent-ils leur quotidien
L’irrespect des clients
Depuis le début de cette crise, jamais les professionnels nous ont autant remontés de remarques déplacées à leur égard. : “actuellement, le quotidien est très difficile car les clients sont impolis. Les clients ne respectent rien. Hier, je me suis fait engueuler par une cliente à qui je demandais de respecter les distances. Le vigile du magasin a dû intervenir pour la calmer” raconte l’une d’elles auprès de la communauté.
“Je dois gérer le moral de mes filles” explique ici cette responsable de caisse : “je leur explique qu’elles ont le droit de craquer. J’ai une de mes filles qui a craqué en caisse ces derniers jours. J’ai dû la retirer de sa ligne pour aller discuter un peu afin de l’aider à décompresser”.
“Après 8 jours de calme relatif, les incivilités ont repris. Nous ne comptons plus les mots déplacés à l’encontre du personnel en rayon et des caisses” raconte cette responsable.
L’irrespect provient souvent du manque de compréhension des consommateurs : “une cliente me dit que je fais de la paranoïa avec ce virus avec mes gants et mon masque”. L’impression que nombreux d’entre eux ne saisissent pas la gravité de cette propagation et les mesures barrières imposées par le gouvernement.
Les professionnels de la grande distribution ne sont pas les seuls professionnels à être lourdement exposés aux incivilités de certains Français. Les pompiers et soignants ont fait état sur les réseaux sociaux de remarques déplacés et d’insultes à leur égard.
Lire aussi : 5 décès et déjà plus d’un millier de contaminés, la grande distribution craint le pire
Derrière les pleurs, des sourires et des messages de soutien
Fort heureusement, les messages de soutien sont aussi très nombreux. “Il y a 2 clans” raconte ce manager : “les personnes irrespectueuses et les personnes hypers reconnaissantes”. Heureusement il y a des clients qui nous remercient d’être là et qui nous souhaitent bon courage. Ce sont des petits mots mais ça fait plaisir et ça nous remonte un peu le moral”.
Lourdement exposée dans cette “deuxième ligne”, la grande distribution souffre durement au sein de ses effectifs.