Déjà des semaines que cela dure. Les clients dévalisent les rayons de supermarché. En point de mire, les produits de première nécessité tel que les pâtes, le riz; les conserves, les oeufs, le lait et nombreux des rayons d’hygiène sont réquisitionnés. Le discours d’Emmanuel Macron jeudi dernier n’a rien arrangé.
Les dirigeants des enseignes eux continuent de rassurer pour limiter l’afflux de clients : “Non, il n’y a pas de pénurie de produits alimentaires en vue. Producteurs, industriels et distributeurs travaillent main dans la main pour l’approvisionnement des Français” a expliqué notamment Dominique Schelcher, le patron de Système U.
Les magasins doivent s’organiser ou plutôt s’adapter
“Des journées de dingue” explique un membre de la communauté. En rayon, les produits de première nécessité sont réquisitionnés par les consommateurs. “Hier, on a fait le chiffre d’un Noël” insiste un premier membre de la communauté, “du jamais vu en 20 ans de grande distribution, même mon chef qui a plus de 30 ans de boîte n’a pas souvenir de ça” nous raconte Aurélien.
Les commentaires affluent : “c’est digne d’un mois de décembre”,”horrible”, “épuisant”, “l’apocalypse”, “déprimant”… les qualificatifs ne manquent pas pour décrire ce que vivent les professionnels de la grande distribution. Toutes enseignes confondues, ils sont en première ligne de cette crise ou future crise qui s’annonce.
“Vendredi 13, Auchan au national c’est +104% de chiffres d’affaires”
Les professionnels de la grande distribution sont très exposés
“Nous sommes les futurs héros de la nation” commente un des membres. Considérant être fortement exposés, les professionnels de la grande distribution se sentent oubliés des mesures prises par le gouvernement. Chaque jour, des centaines de clients déambulent dans les allées des magasins sans s’assurer de garder une distance de sécurité. “On est des humains, pas des robots mais ça les clients ne veulent rien entendre…” analyse tristement un employé.
Sur le terrain, le quotidien se complique. “C’est épuisant ! Les rayons se vident en un rien de temps depuis une semaine”. En plus du flux clients et des rayons qui se vident à vue d’oeil, il faut aussi gérer les stocks et les flux de palettes qui s’accumulent en réserve pour répondre à la demande de ces derniers jours.
Pour cet autre salarié, le quotidien est même chamboulé : “Nos deux drives vont devoir travailler les dimanches pour essayer de rattraper les retards” et ça “sans savoir combien de temps cela va durer” explique un autre membre de la communauté sur notre page Facebook.
Des clients impatients et irrespectueux
Quand on pose la question aux salariés du secteur, les mêmes remarques reviennent. Si les équipes se mobilisent pour remplir les rayons, les clients cultivent l’incompréhension : “pour remplir les rayons c’est le bordel”, “les clients ne respectent rien, ils nous crient dessus parce que nous n’allons pas assez vite, un monde fou, les gens sont insupportables” catastrophe Séverine.
“Les clients sont des furieux ! Vendredi on a fait le même chiffre que le 23 décembre, un truc de fou”. Sauf que cette fois-ci, pas de magie de Noël. Les magasins réalisent des chiffres d’affaires affolants. “Mais ceci n’est qu’un report car il y a forcément un moment où les gens consommeront moins” explique un directeur.
Depuis l’annonce du stade 3, les salariés s’interrogent sur leur quotidien à venir. En première ligne, leur activité va continuer à croître pour réapprovisionner les rayons face à une demande toujours importante et toujours plus forte.
“Qu’on soit en contact avec les clients entassés dans les rayons pâtes et conserves, ça ne choque personne” s’interroge Sandra, employé du secteur, tout en complétant “que les magasins restent ouverts c’est une chose, mais il n’y a aucune mesure pour nous protéger”.
“Je suis en caisse. Les gens pensent être au-dessus de ce virus et pourtant leurs caddies sont remplis”.
Des magasins ouverts à des horaires spécifiques pour les personnes fragiles
Certains magasins de l’enseigne Intermarché ouvriront dès lundi leurs portes entre 8h et 8h30 pour permettre aux personnes âgées et aux femmes enceintes de faire leurs courses. L’objectif : limiter les rencontres entre les clients afin de ne pas favoriser la propagation du virus.
Si l’initiative séduit, la durée de 30 minutes pour faire des courses, surtout pour les personnes âgées semble être insuffisant : “je doute que les personnes âgées parviennent à faire leurs courses en aussi peu de temps” ironise presque Francine.
Qu’en est-il du droit de retrait ?
“Lorsque la situation de travail présente un danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé, le salarié peut quitter son poste de travail ou refuser de s’y installer sans l’accord de l’employeur” stipule le site du service-public.
Si un salarié ne peut prouver qu’il y a bien un danger, le droit ne semble pas s’appliquer. “Nous avons reçu un mail qui nous interdisait le droit de retrait car si nous respectons les mesures d’hygiène proposées par le gouvernement tout se passerait bien” commente Delphine.
“Si tu habites une région où il y a des cas de coronavirus, tu peux te considérer en danger avéré et immédiat. Si ce n’est pas le cas, ton droit de retrait sera considéré comme absence non justifiée” commente un membre dans un groupe un salarié.
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Chute de l’afflux ou reprise soudaine, une chose est certaine le quotidien des magasins va être complètement bouleversé ces prochaines semaines. Les professionnels de la grande distribution vont devoir être sur le front, faire preuve de courage et d’adaptabilité. Le futur de l’activité reste encore flou.