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Par crainte du coronavirus, les rayons de la grande distribution continuent de se vider à grande vitesse

Et cette panique, ce sont les salariés sur le terrain qui en parlent le mieux.

Jonathan Le Borgne
Jonathan Le Borgne

La psychose du coronavirus ne cesse d’alimenter le quotidien des consommateurs. Ces derniers craignent des ruptures de stock. Si les enseignes garantissent du stock, les rayons se vident à vitesse grand V.

La crainte d’une épidémie à l’échelle mondiale entretient la peur auprès des consommateurs. La panique s’organise au sein des ménages qui se ruent sur les supermarchés afin de s’approvisionner en matières premières. De nombreux rayons sont concernés par les ruptures.

Ruée sur les produits de premières nécessités

Le cabinet d’études Nielsen a constaté de fortes hausses dans les hypermarchés et supermarchés. En effet, le riz, les pâtes, les conserves figurent parmi les produits les plus réquisitionnés par les consommateurs : Nielsen analyse une hausse de 21% des ventes sur ces produits et plus de 12% sur les produits d’hygiène.

Pour ce salarié de la grande distribution, ”au rayon droguerie-parfumerie-hygiène, le coton, les couches, le papier toilette, le sopalin, les produits d’entretien de la maison et le rayon mouchoir, les ventes ont augmenté significativement. “Les clients ont découvert le rayon savon !” ironise même à des membres de la communauté de je bosse en grande distribution.

La grande distribution, elle, garantit des stocks pour satisfaire la demande grandissante. La panique est semble-t-il maîtrisée du côté des enseignes. “Il y a des ruptures, mais pas de pénurie” assure même Michel-Edouard Leclerc tout en complétant au micro de Jean-Jacques Bourdin que les drives ont connu des hausses de commandes de l’ordre de “40 à 70%”. “Le drive, ça n’arrête pas” nous confie même un salarié.

Chez Système U, le constat est le même, le drive s’est envolé. L’enseigne constate des hausses de plus de “40% dans certains drive”. “Très ponctuellement, il peut arriver des ruptures dans un magasin, car le niveau de précaution des clients a pris de l’ampleur ces derniers jours. Elles sont dues à du surstockage et non pas à l’absence de produits de la part de nos fournisseurs” assure Dominique Schelcher, PDG de Système U.

À l’inverse, si les drive tournent à plein régime, la fréquentation de certains rayons est au point mort. Les clients privilégient en effet les courses sur le web afin d’éviter les contacts physiques. Conséquence, certains rayons tournent au ralenti : “en magasin c’est relativement calme au rayon fruits et légumes”.

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En rayon, la riposte s’organise oui, mais difficilement

De ces images de rayons vidés, ce sont les professionnels de terrain qui trinquent. Les rayons se vident à une telle vitesse que les magasins doivent s’organiser pour les réapprovisionner. “On ne s’organise pas, on s’adapte” analyse une employée. “Mon rayon culture n’est pas concerné. Du coup le matin on descend filer un coup de main à l’alimentaire. Si ça continue, ça va vite devenir ingérable !” insiste cette salariée.

Le constat est terrible dans certains rayons : “Je gère le rayon papier toilette. Tous les matins je le retrouve vide… Aujourd’hui à 11h il était déjà vide” commente un employé du secteur. La psychose ne ralentit pas et les rayons continuent de se désemplir.

Pour pallier cette hausse soudaine d’activité, les rayons s’organisent pour les réapprovisionner. “Les livraisons deviennent également plus importantes. Niveau organisation nous faisons appel à des intérimaires pour répondre à cette hausse d’activité” nous explique cet employé. “Nous on s’occupe en priorité des rayons prioritaires quitte à négliger le non alimentaire par exemple” complète Céline.

“Moi, je bosse en épicerie. Autrement dit, les rayons pâtes, riz, sauce et condiment sont dévalisés en permanence” nous raconte Émilie tout en ajoutant que “c’est une horreur. Nous avons de plus en plus mal à suivre malgré l’arrivée de renforts dans les rayons. J’ai eu une liste de 4 pages de rupture centrale juste en pâtes et riz”. confirme-t-elle. Preuve que les réapprovisionnements sont plus compliqués que prévu, malgré les dirigeants qui se veulent rassurants sur d’éventuelles pénuries.

Le rayon liquide n’est pas non plus épargné. “Les rayons soda, sirop, eaux, jus et bières sont pris d’assaut par les clients” nous raconte Geoffrey. “Le pire ce sont les eaux, les clients les prennent pas packs de 5 à 6, le remplissage est difficile à suivre” termine-t-il.

“Je bosse rayon hygiène-beauté. Les rayons sont toujours vides même en forçant les commandes” nous explique ici Nathalie. “Les centrales ont aussi du mal à suivre. Soit les quotas sont dépassés, soit les produits sont en ruptures”.

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En caisse, des caddies à 400 euros

Cet épisode a quelque chose d’historique. Éviter les pénuries en magasins devient la priorité des enseignes de la grande distribution. Ce vieux réflexe des consommateurs qui se ruent sur les rayons des supermarchés rappellent des épisodes guerre. Faire des réserves est un moyen d’anticiper d’éventuelle mise en quarantaine. La crainte est réelle même si le gouvernement français continue à rassurer.

Des anecdotes témoignent encore de cette crainte. C’est Audrey qui nous raconte cette anecdote :  “Mon commercial chez Juvasanté m’a expliqué que la marque a bloqué 40 000 colis de gel hydro-alcoolique pour leurs clients… en 2h il y en a eu 200 000 de commandé”.

“En caisse, on passe des caddies à 300-400 euros. Et depuis peu, on voit même les clients qui se baladent dans les allées avec des masques” nous explique ici Cathy. Les rayons se font dévalisés, on se croirait à la veille d”une guerre” complète-t-elle.

Un autre salarié nous expliquera que dans son magasin “40 palettes de papier toilette sont parties… en 10 minutes”.

Enseigne

Jonathan Le Borgne Twitter

Éditeur de Je Bosse en Grande Distribution. Passionné par la transition numérique des entreprises. Consultant, formateur et stratège en communication digitale pour la grande distribution.

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