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Les deux visages de la grande distribution

Dire que le secteur de la grande distribution a bonne presse serait mentir.

Jonathan Le Borgne
Jonathan Le Borgne

Le secteur, un des premiers employeurs de France, traine derrière lui une réputation qu’elle a du mal à effacer. À tort peut-être.

Si on peut reconnaître à la grande distribution d’être un ascenseur social, dans l’esprit de ceux qui la fréquentent le travail est souvent synonyme de contraintes : que ce soit des horaires à rallonge pour les cadres, la répétition des tâches pour les hôtesses de caisse, le temps partiel très fréquent, des métiers physiques peu enrichissants.

Évidemment, les professionnels du secteur vous diront que cela dépend beaucoup des enseignes et des magasins. « D’un magasin à l’autre, l’ambiance et la mentalité peuvent totalement changer. Pour moi la bonne santé du magasin influe beaucoup sur les équipes : si les chiffres sont difficiles, la pression s’envenime dans le magasin et les employés sont les premiers à le subir » explique un manager de rayon.

Changement de regard

À première vue, le secteur n’a rien de plaisant. Les métiers ne sont pas valorisés. Mais certains tentent encore de changer leur regard sur le secteur.

Alors oui, les contraintes existent. Mais chaque métier en détient. L’amplitude horaire, le travail physique, les tâches répétitives sont le lot quotidien des managers et des employés de rayon.

Pour ce manager de rayon qui exerce depuis 10 ans dans la même enseigne, il reconnaît que «  le quotidien est parfois difficile mais le commerce a quelque chose d’addictif ». Pour lui le secteur s’est imposé comme une évidence après sa Licence. L’enseigne « proposait des contrats au statut cadre, bien payé et avec quasi 9 semaines de congé, c’était difficile de refuser quand on commence dans la vie active ».

Les contraintes existent

La liste est longue mais chaque métier en comporte : amplitude horaire, variations journalière et saisonnière d’activité, fatigue engendrée, semaine de 6 jours.

Pour le temps partiel, il est une réalité mais ces plannings sont souvent aménagés et demandés. Certaines hôtesses de caisse cherchent un travail d’appoint et le temps partiel est un choix. Pas question donc de travailler plus d’heures ni d’avoir davantage de responsabilités.

De 60 à 70 heures semaines

Le sujet le plus sensible dans le secteur c’est l’amplitude horaire des cadres. Sujet presque tabou, le secteur a depuis toujours réclamé une forte présence des cadres sur le point de vente. Une pratique répandue et bien connue des cadres : « Parfois je fais du présentiel, parce qu’on nous fait comprendre qu’un manager doit être là quand son équipe l’est aussi » reconnaît un manager de rayon d’une enseigne indépendante.

Le phénomène a des accents presque culturel dans ce secteur. Responsable adjoint, ce jeune responsable explique même que « le planning n’a qu’une vocation d’information, cela m’arrive régulièrement de venir même si je n’y suis pas inscrit ».

Quant à la motivation de ces jeunes cadres, elle s’explique par la forte ambition qui les anime : « ça fait partie du jeu ! Si on veut progresser, il faut se montrer et faire du terrain comme on dit entre nous ».

« Si je pars à 17h, on a le droit à un “ah tu prends ton après-midi” de la part de son directeur ».

Même si c’est «  sur le ton de la plaisanterie » raconte ce manager, « cela nous fait culpabiliser » .

« Quand j’embauche à 6h, j’estime que c’est normal de partir plus tôt, on n’est pas des robots ».

L’ambition et la carrière d’abord

La grande distribution a tout de même un grand mérite : si d’un côté les contraintes et la précarité existent, elle est aussi un formidable tremplin dans une carrière. Rares sont les secteurs d’activités qui garantissent des évolutions de carrière. « Tout dépend des enseignes, mais les opportunités existent » avance cet ancien directeur aujourd’hui consultant en recrutement.

Les jeunes sont un enjeu majeur pour les enseignes de la grande distribution. Intégré souvent comme alternant, certains magasins proposent souvent des contrats en CDI comme second de rayon puis comme chef de rayon. « Après une Licence en alternance, l’enseigne m’a proposé un contrat en CDI. Comme je ne savais pas quoi faire après mon diplôme, j’ai eu du mal à refuser et c’était une occasion de faire mes preuves » avoue ce jeune manager de 22 ans.

En plus des jeunes, le secteur est également reconnu pour favoriser la promotion interne. Il n’est pas rare ainsi de passer d’employé de rayon sans expérience à second de rayon puis à chef de rayon. Beaucoup de patrons du secteur avoueront qu’ils ont tous commencer comme employé à remplir les rayons. Comme une étape obligatoire donc.

Un prérequis obligatoire pour évoluer : la « culture du résultat »

S’il y a quelque chose que les professionnels de la grande distribution ont plus qu’aucun autre, c’est la culture du résultat. « Depuis que j’ai changé de secteur pour le marketing digital, je me focalise toujours sur le résultat, c’est ce que le secteur m’a appris et c’est aussi ce qui est apprécié des recruteurs ».

Ainsi, même si les récompenses individuelles sont rares, les objectifs sont de parfait leitmotiv pour ceux qui ambitionnent de monter dans la hiérarchie. Certains deviennent patrons de leur magasin au bout de quelques années. Mais le jeu en vaut-il la chandelle ?

Métier

Jonathan Le Borgne Twitter

Éditeur de Je Bosse en Grande Distribution. Passionné par la transition numérique des entreprises. Consultant, formateur et stratège en communication digitale pour la grande distribution.

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