Pourquoi le marché des jouets d'occasion est en plein boom, avec Laura Bos, fondatrice de Jouga

Tout ce qu'il faut savoir pour comprendre l'effervescence sur le marché du jouet de seconde main.
Pourquoi le marché des jouets d'occasion est en plein boom, avec Laura Bos, fondatrice de Jouga

Le marché du jouet d'occasion a le vent en poupe en France. Cette nouvelle tendance de consommation séduit toujours plus de parents aussi bien pour des raisons écologiques, qu'économiques. Pour preuve de son dynamisme, en 2023, l'occasion représente 6% du chiffre d’affaires du marché du jeu et du jouet en France. Sa croissance avoisine les 26% sur cette seule année.

Dans un podcast passionnant, Laura Bos, co-fondatrice de Jouga (ex-Lady Cocotte), nous partage sa vision du marché du jouet d'occasion. On y parle bien sû des chiffres clés du marché, des tendances à venir et des nombreux défis auxquels les distributeurs devront faire face.

En 2030, le marché du jouet d'occasion sera de 16% et le marché du neuf passera de 270 millions à un milliard d'euros

Le marché du jouet d'occasion est en pleine effervescence. Poussés par de nouvelles habitudes de consommation, les parents privilégient les jouets de seconde main pour leur enfant.

Pourtant, en soi, la pratique n'a rien de vraiment nouveau : « La seconde main, il n'y a rien de nouveau. Ça existe depuis la nuit des temps, avec des objets qui se transmettent de famille en famille », explique au début de l'échange Laura Bos. Ce mode d'achat connait un vif sujet d'intérêt remarque la fondatrice de Jouga, plateforme spécialisée dans le jouet d'occasion : « 64 % des Français ont acheté au moins un produit d'occasion au cours des 12 derniers mois ».

Cette montée de puissance s'explique à deux niveaux.

De 1, le prix. Inflation oblige, « le facteur économique est toujours au-dessus du facteur écologique, même si l’écologie gagne de plus en plus en importance ». En quête de pouvoir d'achat, les français se tournent facilement vers l'occasion pour réduire leur dépense sur des produits non-alimentaires.

De 2, les convictions écologiques : « on observe une vraie montée en puissance [...] avec une prise de conscience environnementale et l'arrivée de nouveaux acteurs », commente notre invitée. De nombreux consommateurs voient désormais la seconde main comme une alternative viable au neuf.

D'autres raisons motivent les français à choisir de l'occasion. Parmi elles : la possibilité d'acheter des produits difficilement trouvables en neuf ou la volonté d'offrir plus de jouets à leur enfant.

Pourquoi toujours acheter du neuf plus cher quand on peut acheter à moitié prix avec une empreinte carbone réduite de 80 % », Laura Bos, fondatrice de Jouga.

Un modèle économique à trouver et des partenariats avec la grande distribution pour gagner en visibilité

Le vrai défi du jouet d'occasion - et du marché de l'occasion tout court d'ailleurs - réside dans sa capacité à générer des revenus suffisants : « trouver la rentabilité dans ce secteur est un vrai défi », reconnait l'entrepreneure. Le prix moyen d’un jouet d'occasion est de 10 euros, mais « les actions nécessaires pour chaque jouet sont nombreuses ». Certains acteurs, comme Revid (ex-Patatam qui a été placé en redressement judiciaire) ou Videdressing, ont rencontré des difficultés financières malgré ce marché en croissance.

Pour réussir ce défi, les jouets d'occasion doivent gagner en accessibilité : « un client qui souhaite acheter de l'occasion, ça lui demande un effort d'aller dans des boutiques dans lesquelles il n'a pas l'habitude d'aller et qui ne sont pas dans mon parcours d'achat classique », précise Laura. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'elle a récemment noué des partenariats avec des enseignes de la distribution pour gagner en visibilité. Les jouets d'occasion se rapprochent des neufs vendus en rayon. Intermarché, Leclerc l'ont adopté localement :

Si tu vas dans ton supermarché ou chez Cultura et tu vois des jouets d'occasion, ça fait plus de sens », commente l'entrepreneure.

Mais défi est autant lié à la distribution, qu'à la collecte en amont :

« La clé dans la seconde main est sur la collecte, la quantité et la qualité des jouets qu’on est et sera capable de proposer ».

Les entreprises doivent s'assurer que les jouets soient non seulement sécurisés et conformes à la législation, mais également complets et propres. En plus de racheter aux particuliers, certaines entreprises organisent des événements de collecte et établissent des partenariats avec des ressourceries pour augmenter leur offre.

Quel avenir pour le marché du jouet de la seconde main

On l'a dit plus haut, le marché du jouet est en effervescence. Pour répondre à la demande, la sensibilisation des consommateurs à la seconde main est essentielle pour le développement de ce marché : « il y a un rôle de sensibilisation du consommateur à la seconde main, et les politiques ont un rôle à jouer pour intégrer plus de produits de seconde main dans les rayons », explique Laura Bos.

La grande distribution a une place à prendre. L'année passée 8 magasins Intermarché avaient conjointement proposés des corners aux couleurs de Lady Cocotte. Cette année, le partenariat se renouvelle et d'autres magasins rejoignent l'aventure : « cela renouvelle l'expérience d’achat renouvelée et incite les consommateurs à revenir régulièrement », remarque-t-elle.

Avec des prévisions de croissance ambitieuses et des efforts constants pour améliorer l'accessibilité et la qualité des produits, il est clair qu'il faudra compter sur des solutions comme celle-ci pour dynamiser l'offre non alimentaire.