La grande distribution change de braquet sur l'offre locale. Longtemps cantonnés à une hypercentralisation de l'offre pour répondre à des enjeux de volumes et de prix, les magasins s'ouvrent de plus en plus aux fournisseurs directs, c'est-à-dire des fournisseurs non référencés au niveau national.
Reportage du côté du Super U de Garches dans le 92, où le magasin a fait le choix d'une solution pour renforcer son offre locale.
Travailler le local n'est pas si évident »
L'évolution de la grande distribution vers l'offre locale
Bien sûr, le sujet de l'offre locale n'est pas nouveau. Toutes les enseignes ont historiquement accordé une place aux producteurs locaux. Mais les organisations changent : « 80% de nos achats sont opérés via la centrale. C'est une façon de garantir aux fournisseurs des volumes », explique ici Maud Lambert, DRH Super U Garches que nous avons interrogée dans le cadre d'un reportage, « les 20% restants, ce sont des fournisseurs directs. C'est-à-dire que c'est le magasin qui les choisit ».
Cette volonté de référencer des produits locaux est intégrée à la politique de l'enseigne. Le Super U de Garches travaille d'ailleurs le local pour deux raisons :
- 1, pour compléter des gammes ou proposer de nouvelles options d'achats aux clients
- 2, pour défendre les valeurs de l'enseigne autour de l'économie locale
Cela étant, « travailler le local n'est pas si évident », résume aussi la responsable du magasin. Le magasin doit être en mesure de les identifier et l'entreprise locale doit être en mesure de répondre aux attentes du point de vente.
Les défis de l'intégration des produits locaux en magasin
Pour une entreprise locale, la grande distribution apparait comme un mastodonte difficile à approcher : « travailler avec la grande distribution peut s'avérer compliqué en tant que petit producteur », explique ici Pierre Garnier, coassocié de la Brasserie du Roi qui a démarré une collaboration avec le point de vente il y a de cela quelques mois. « Avec la grande distribution, on ne sait pas toujours à qui s'adresser, les fonctionnements des magasins varient d'un magasin à l'autre. Pour un producteur comme nous, cela impose d'aller les voir un par un, c'est un process long. La grande distribution c'est le paquebot et nous on est la petite barge à côté. », sourit le gérant de la brasserie.
« Kheops nous a ouvert des parts de marché qu'on n’avait pas avant »
« La grande distribution et les producteurs locaux ne parlent pas forcément le même langage », complète la co-fondatrice de Kheops, Caroline Poinsignon, « D'un côté, il y a de grandes structures avec des organisations très "processées" ». Et de l'autre, les producteurs locaux avec des formats d'entreprises plus familiaux et pas forcément structurés pour travailler avec de grandes entreprises ».
Pour cela, l'entreprise locale s'appuie sur une plateforme pour digitaliser sa relation avec les distributeurs. « Kheops nous a ouvert des parts de marché qu'on n’avait pas avant », reconnait d'ailleurs l'associé.
Pour la cofondatrice de la solution, Caroline Poinsignon, cette histoire entre ces deux entreprises locales est le reflet de leur startup qui « est née de la volonté de proposer davantage de produits locaux dans les supermarchés ».
Kheops : une plateforme pour connecter distributeurs et producteurs locaux
Pour faire simple, « Kheops est une plateforme qui permet à la grande distribution et aux producteurs locaux de travailler ensemble », explique Caroline Poinsignon. Le constat à l'origine du projet est d'ailleurs renforcé par les attentes des consommateurs : « 90% des consommateurs veulent consommer local, or ce qu'on constate c'est que cela représente seulement 2% du chiffre d'affaires de l'alimentaire ».
La start-up accompagne à ce jour plusieurs centaines de magasins en France. Pour répondre aux besoins de spécialisation de l’offre à chaque zone de chalandise, la grande distribution décentralise une partie de ses achats « mais cela nécessite d'adapter des outils », résume la co-fondatrice. Pour cela, la plateforme s'organise autour de trois fonctionnalités clés :
- Donner accès à un référentiel de producteurs et de produits locaux, classé par distance géographique : « les producteurs sont préqualifié GMS, c'est-à-dire qu'ils sont en capacité de travailler avec la grande distribution », insiste Caroline ;
- Proposer un outil de productivité qui facilite la prise de commande et permet réduire les ruptures sur l'offre locale ;
- Accompagner les magasins à développer l'offre locale en magasin et sur les sites Drive en théâtralisant les magasins et en fournissant toute la donnée nécessaire
L'ambition de la startup est d'aider les magasins à dynamiser ce levier de croissance. Aujourd'hui autour des 2% de chiffre d'affaires, Kheops souhaite porter l'ambition des 10% dans une vision long terme.
