« Le meilleur déchet, c'est celui qu'on ne produit pas » : telle est la philosophie prônée chaque jour dans les nouveaux magasins Lidl depuis 2017. L'enseigne allemande, qui compte 31 magasins sur la région Bretagne et 19 dans le Finistère, a créé un système de tri très innovant. Illustration au magasin Lidl de Guipavas, qui assure sa propre gestion du tri et réduit ses rotations de camions.
Au jeune magasin Lidl de Guipavas, dont les 1420m² de surface sont sortis de terre en décembre 2021, les 25 salariés appliquent au quotidien une méthodologie écologique. « Quand ils rentrent dans l'entreprise, ils passent tout de suite une journée d'intégration à la direction régionale, à Guingamp, explique Kévin Droguet, directeur du magasin. On apprend à manier les transpalettes, tous les process techniques du magasin, mais on va aussi aborder des thématiques écoresponsables à adopter dans nos méthodes de travail ». Tout le monde met la main à la pâte, et s'occupe de trier méthodiquement tous les types de plastique, le carton, les biodéchets, et d'aider à leur revalorisation.
« Nous avons plusieurs actions qui permettent la bonne gestion de nos déchets », explique Romuald Gourichon, responsable immobilier de l'entreprise en Bretagne depuis 2015, qui, en plus de s'occuper du développement, de la technique et de la modernisation de l'enseigne, représente les démarches vertueuses de l'entreprise.
« Il y a notre « reverse logistic », qui permet d'optimiser et de réduire les déchets mélangés et ensuite de maximiser leur valorisation » ; en l'occurrence, on sépare les différents types de déchets : les plastiques (transparents, de couleur ou mélangés), tout le carton, qui est immédiatement compacté dans une presse à balle par les salariés.
📩 NOS NEWSLETTERS
RSE, Com' Locale, Podcast... : recevez nos newsletters chaque semaine
Le « reset plastique »
« L'ensemble des déchets sont récupérés au sein des supermarchés et centralisés au sein des points de récupération régionaux. Ici, donc, tout est acheminé vers la direction régionale, à Guingamp, qui centralise tout cela », précise Romuald Gourichon. Les déchets sont ensuite acheminés vers des prestataires spécialisés pour un nouveau recyclage. Le carton est récupéré par des papeteries françaises pour produire de nouveaux cartons - cartons qui peuvent même directement revenir à la grande distribution. Même chose pour les palettes et les cagettes, qui vont être traitées par des entreprises de la filière bois.
L’autre innovation écologique de Lidl, c’est le « reset plastique ». « Il s'agit de rendre 100% de nos emballages le plus recyclable possible ; d'utiliser 20% de plastique en moins dans les emballages mais aussi d'utiliser 20% de plastique recyclé en moyenne dans nos propres emballages », explique Romuald Gourichon.
Les biodéchets, eux, partiront vers des usines de la méthanisation pour une revalorisation en interne. « Notre objectif est aussi de réduire nos émissions, de limiter nos trajets de livraisons au maximum et de nos camions de livraisons qui fonctionnent au biogaz ». Il en résulte « un cercle vertueux qu'on ne trouve pas de manière aussi systématique dans les autres entreprises de grande distribution ».
Une gestion de tri créée en 2017
Le système de gestion de tri a été créé en 2017 chez Lidl. « Cela nous a permis de ne plus avoir de local poubelle au niveau de nos magasins, d'avoir une gestion centralisée, une réelle autonomie dans la gestion des déchets et de ne plus faire appel à des prestataires extérieurs », précise Romuald Gourichon.
Les avantages pour les économies de CO2 ne sont pas négligeables : les camions ne circulent pas à vide, nécessitent moins de rotations et présentent un taux de remplissage de 98%. Entre 2019 et 2024, l’économie en CO² a atteint 9 %.
Outre son autonomie verte, le fonctionnement « zéro gaspi » du magasin se traduit par un service dédié au client. A l'entrée du magasin, on peut trouver des bacs de tris qui permettent d'éviter un tour à la déchetterie locale, qui n'a pas l'amplitude horaire d'un supermarché. « Il y a des bacs de récupération pour les déchets plastiques, ménagers, carton, papier, piles et ampoules », glisse Kévin Droguet. Un petit plus qui n'est pas négligeable, comme le reconnait Chloé, jeune mère de famille qui fréquente le magasin de Guipavas depuis maintenant six mois. « J'avoue que pour les piles et les ampoules qui s'accumulent à la maison et dont on se fait pas quoi faire, c'est une initiative plutôt sympa ! ».
Un geste pour les Restos du Coeur
Comme beaucoup de boutiques et d'enseignes aujourd'hui, Lidl n'a évidemment pas oublié de dresser un rayon de produits dont la date limite de consommation arrive à expiration. « On fait -50 % sur des produits, mais il y a aussi, chaque soir, un nouveau tri sur les magasins, qui permet de mettre le lendemain matin des cagettes de 5 kg remplies de fruits et légumes ou de produits de boulangerie, pour seulement 1 €. Le produit reste bien sûr consommable, mais moins frais, donc de qualité réduite », ajoute Kévin Droguet.
Ce petit geste à 1 €, loin d'être anodin, se répercute au niveau national : à chaque vente, 50 cents sont reversés aux Restos du Cœur. Depuis 2016, cette initiative a permis de revaloriser plus de 100 000 tonnes de marchandises et de reverser plus de dix millions d’euros à l’association.
Propos recueillis par Nora Moreau.