L'expérimentation Oui Pub continue à s'opérer dans 14 territoires. Pour les zones concernées, il est demandé aux habitants d'accoler l'autocollant « Oui Pub » sur leur boîte aux lettres s'ils souhaitent continuer à recevoir de la publicité.
Pour les 14 territoires, ce changement alimente les débats au sein des habitants, des enseignes concernés et, plus largement, des acteurs économiques du papier.
Dans une interview pour le podcast, on reçoit Laurence Gouthière, pilote de l'expérimentation du dispositif Oui Pub au sein de l'Ademe, afin de tirer les premiers enseignements du dispositif.
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Interview complète de Laurence Gouthière, pilote de l'expérimentation du dispositif Oui Pub au sein de l'Ademe
JBGD : Bonjour Laurence, est-ce que vous pouvez nous parler un peu plus de vous et de votre fonction actuelle au sein de l'ADEME parce que je crois que vous avez une double casquette.
Au sein de l'agence de la transition écologique (ADEME) j'ai en effet deux casquettes : la 1ère, je pilote les études en charge de la lutte contre le gaspillage alimentaire et la 2ème, j'ai la responsabilité de la mise en place de l'expérimentation dont on parle aujourd'hui, qui est celle du OUI PUB sur 14 territoires. À priori, on peut se dire que ça n'a pas grand-chose à voir, mais, il y a des acteurs communs, comme ceux de la grande distribution, qui travaillent sur les deux sujets.
JBGD : Venons-en à notre sujet principal, le OUI PUB, qui est actuellement déployé sur 14 territoires en France depuis mai 2022. Est-ce qu'on peut juste rappeler les grandes lignes de l'expérimentation ?
À l'origine, le projet est à l’issue de la convention citoyenne pour le climat. Il est proposé à des participants de basculer sur un autre dispositif que le Stop-pub, en place depuis 2004. Dans l'idée, le Oui Pub consiste à ce que la publicité soit reçue par ceux qui sont en demande. C’est à eux de faire l'effort d'indiquer cette mention sur les boîtes aux lettres et, par défaut, de ne plus avoir de prospectus dans les boîtes aux lettres qui ne le mentionnent pas. Ça a été repris dans la loi climat et résilience sous la forme d'une expérimentation pour vérifier si c'est facile à mettre en place, compréhensible pour les habitants, si ça ne bouscule pas trop aussi l'économie, à la fois pour les annonceurs et pour les distributeurs de prospectus. L’idée de l’expérimentation c'est vraiment d'aller vers une publicité voulue plutôt que subie, tout en conservant les effets utiles de la publicité. Cela est important parce que nous ne sommes pas en train de dire que l'on veut supprimer la publicité papier, mais éviter de produire du papier qui finira inexorablement à la poubelle, ce qui était le cas pour une partie. Donc, l’objectif de réduire le gaspillage papier et de pouvoir expérimenter ça en conditions réelles, avec des indicateurs qu'on va suivre dans le temps.
JBGD : Cette loi climat et résilience, elle dit beaucoup de choses d'ailleurs au-delà du OUI PUB. Quel est le but ultime de l'union européenne sur cette loi ? Si je comprends bien, quand on regarde cette loi, elle dit, on veut réduire les déchets, on veut produire moins, on veut limiter les ressources. C'est ça l'enjeu global de la loi climat ?Vous avez raison, je crois que le mot-clé, c'est vraiment ressource. La prise de conscience c'est que, oui, on peut faire en sorte de limiter les traitements et toute la consommation qui va avec la partie gestion et traitement des déchets, mais avant tout, il faut préserver les ressources. Il y a une prise de conscience sur le fait qu'elles ne sont pas inépuisables, qu'on arrive dans un monde avec de la ressource qui est sur une durée limitée, et ne sera pas toujours disponible. C'est donc bien cela, la prise de conscience, c'est l'objectif de cette loi qui, comme vous le dites, va bien au-delà de cette thématique.
JBGD : Est-ce qu'elle ne veut pas inciter à consommer moins aussi ?
La question de sobriété est quelque chose qu'on voit de plus en plus émerger. C'est l'objet même de l'activité du service dans lequel je suis, le service consommation responsable. Nous sommes plutôt sur la vision aval, c'est-à-dire plutôt côté consommateur, mais en effet, la question de fond, c'est : est-ce qu'on peut continuer à consommer comme on a consommé depuis l'après-guerre ? C'est vraiment ça le schéma, où il y a eu une profusion, où il y a eu dans tous les sens, que ce soit au niveau de l'offre ou de la demande, et là, on se rend compte qu'on ne peut pas continuer en l'état, pour être raisonnable, et pour pouvoir tenir dans le temps.
JBGD : D'où l'enjeu d'appuyer sur ce levier de prospectus, qui est en soi une incitation à la consommation. Quelle est votre position par rapport à ça ?