Pour cet épisode de la mini-série sur la consigne, nous recevons Charles Christory, co-Fondateur du Fourgon.
« Qu’est-ce qu’on a envie de faire et à quoi on veut vraiment servir durant ce petit passage sur Terre ? »
« Le truc qu’on fait toutes les semaines ou tous les jours, c’est de mettre des trucs dans des poubelles alors que, finalement, ces objets pourraient avoir plusieurs vies. »
« Comment on peut changer ses habitudes pour essayer d’un peu mieux contribuer à une planète meilleure ? » ; _Charles Christory, Co-fondateur et CEO chez Le Fourgon
Une parfaite introduction, d’un Charles Christory que l’on sent animé par une réelle envie de changer les choses. Surtout qu’en moins de 7 ans, il nous faut réduire de moitié le nombre de bouteilles en plastique à usage unique. Un pari de taille lorsqu’on sait qu’en France, environ 36 millions de bouteilles plastiques sont encore achetées par jour.
Les initiatives comme la consigne, portées par des entreprises impliquées comme Le Fourgon, pourraient considérablement aider à modifier les habitudes de consommation. Ce qui aidera la planète à aller mieux.
Pour nous éclairer sur les enjeux de la réintroduction de la consigne, nous nous sommes intéressés à/au(x) :
- l’histoire du Fourgon ;
- fonctionnement du Fourgon ;
- la consigne d’aujourd’hui ;
- vertus de la consigne ;
- l’avenir de la consigne
Quelle est l'histoire de la start-up le Fourgon
Lorsqu’un entrepreneur dans l’âme remet en question le mode de consommation actuel, il crée une start-up. Pour lui, la diminution des déchets est un combat à mener. Et qui de mieux que Charles Christory pour expliquer ce qui les a menés, lui et les cofondateurs du Fourgon (Stéphane Dessein, Maxime Tharin), à faire revivre la consigne. Ainsi, lorsqu’il est interrogé sur ce qui les motive, la réponse est claire : « On est poussé par ce vent fort qui est notre envie de voir bouger les choses et de changer vraiment la façon dont on devrait consommer demain, dès aujourd’hui. »
Comment fonctionne Le Fourgon
Charles Christory résume le fonctionnement du Fourgon comme suit : « Le Fourgon, c’est un service de livraison de boissons consignées à domicile et au bureau. »
Dans les détails, lorsque la commande est passée :
- Les livreurs en CDI (précision importante) passent en camionnette électrique pour déposer les produits (eau, soda, lait, jus, bière, vin, cidre, spiritueux, produits ménagers, épicerie sucrée, épicerie salée, soupe, thé et café). Une consigne est alors payée ;
- Au moment de la livraison, le livreur récupère caisses et bouteilles vides consommées précédemment. Elles sont ramenées dans les entrepôts pour être triées, nettoyées et remplies ;
- Lorsque les bouteilles sont retournées, Le Fourgon retourne la consigne (montant déduit à la prochaine commande).
Le Fourgon livre :
- dans 17 villes ;
- plusieurs fois par jour ;
- sur des créneaux de 2 h ;
- du lundi au samedi ;
- de 9 h 30 à 21 h ;
- avec des précisions sur le moment de la livraison (à 25 minutes près) ;
- le jour même pour les commandes passées avant 17 h.
Des dispositions qui vont dans le sens de ce qui anime Le Fourgon. Comme l’explique notre invité : « On veut vraiment libérer de la contrainte. »
Le marché de la consigne aujourd’hui
Il y a 40 ans, la consigne était encore obligatoire (notamment pour le lait et la bière). C’est l’avènement de la grande distribution qui a mené peu à peu à l’adoption des emballages à usage unique.
Aujourd’hui, surtout post-Covid, la consigne revient en force avec la multiplication d’initiatives qui, malheureusement, ne durent pas toujours. Selon notre interlocuteur, ces mort-nés n’ont pas su voir ce qu’implique le métier. En effet, la consigne, c’est toute une logistique complexe et tout un travail en amont (définition du modèle, développement de la bonne application, élaboration des bons services, etc.).
Mais ce défi, Le Fourgon l’a relevé, comme l’évoque Charles Christory : « On a structuré une vraie colonne vertébrale technologique. On a un peu d’expérience aussi. Je pense que ça nous aide beaucoup pour aborder ces problématiques avec un peu plus de recul et de réussite. »
Quels sont les avantages du retour de la consigne
Difficile d’évoquer la consigne sans demander à notre invité l’intérêt du concept. Un échange qui s’axe sur 3 points. En résumé, pour Charles Christory, la bouteille consignée :
- responsabilise puisqu’avec la caution, la bouteille a de la valeur ;
- a un impact carbone moins important que celui de la bouteille plastique ;
- a 40 vies. Et quand Le Fourgon utilise du plastique, il est recyclé et il s’en sert pour ses caisses qui dureront 40 ans au moins.
Pour ce qui est du transport, notre intervenant précise : « Le transport, ça pollue. C’est vrai ! Mais ça pollue nettement moins que la production. »
Le Fourgon, lui, roule à l’électrique.
Quel est avenir de la consigne en France
Le Fourgon est né des profondes convictions de ses fondateurs. Mais pour beaucoup d’autres start-ups tournées vers la livraison, l’anti-gaspi ou la consigne, la Covid et les initiatives gouvernementales comme la loi Garot ou la loi AGEC ont servi d’impulsions. Mais toutes n’ont pas été pérennes, en partie, à cause d’un manque d’organisation.
Pourtant, notre invité est convaincu que les consommateurs feront de plus en plus appel à ces types de prestations.
Le Fourgon, lui, trace sa route ; même si ce n’est pas forcément celle qu’a empruntée Shopopop, La Belle Vie ou encore La Fourche.
Charles Christory, Stéphane Dessein et Maxime Tharin ont bien pensé leur entreprise pour que tout le dispositif facilite la vie du consommateur. Ils passent, par exemple, chercher les bouteilles utilisées. Alors que d’autres sociétés laissent le soin à leurs utilisateurs de renvoyer ou de déposer les contenants en verre.
Ce sont ces petites attentions qui permettent au Fourgon d’aller plus loin, de s’implanter dans d’autres villes ou de proposer plus de produits. Côté synergie, il reste ouvert, tout en prenant soin de choisir les associations cohérentes avec sa vision, comme avec Day by Day.
Une attention au détail qui a aussi séduit les consommateurs (avec une note de 4,97/5).
D’ailleurs, Charles Christory le dit lui-même : « Notre vraie force, c’est le parrainage. Un tiers de nos nouveaux clients viennent grâce au bouche-à-oreille. »
Avec des convictions, un savoir-faire et des clients conquis (qui font passer le mot) en guise de carburants, Le Fourgon reste sur la voie du succès. Une route d’implication et d’organisation à prendre pour les futurs prestataires s’ils veulent convaincre les consommateurs et faire un geste pour la planète.