Poussées par le gouvernement à renforcer leurs mesures de sobriété, les enseignes de la grande distribution française ont pris depuis plusieurs mois des décisions concrètes en la matière. Valorisation des déchets, désinfection à l’eau courante, réduction de l’intensité lumineuse… Des actions plus ou moins importantes mais qui contribuent toutes à réduire l’impact de leurs activités au niveau environnemental. Avec, à la clé, la possibilité d’engranger aussi une réduction des coûts et d’améliorer la compétitivité.
Plastique et zéro déchet : un défi de taille
Que ce soit pour répondre à une réglementation de plus en plus exigeante ou à la demande des clients souhaitant consommer de façon plus responsable, la grande distribution est en train de faire sa mue. Cela passe notamment par une réduction drastique de l’utilisation du plastique ou le développement d’actions en faveur des contenants réutilisables.
L’inaction n’est de toute façon plus une option, les enseignes étant régulièrement confrontées à des actions citoyennes de type « plastic attacks ». La loi AGEC (anti-gaspillage et économie circulaire) oblige par ailleurs les acteurs de la distribution à prendre des mesures concrètes.
Carrefour a été un des pionniers, parmi les grandes enseignes, à permettre à ses clients d’apporter leurs propres contenants réutilisables afin qu’ils puissent être servis directement avec dans les rayons boucherie, poissonnerie, pâtisserie ou encore fromagerie. Seule condition, que ces contenants soient propres et désinfectés.
L’enseigne a également mis en place des barquettes totalement en carton pour certains produits (pommes, kiwis, oranges…) afin de réduire le plus possible l’utilisation des films plastique. Comme l’indique le groupe sur sa page internet, les emballages qui ne sont « pas indispensables à la préservation de la qualité du produit » ont aussi été supprimés, permettant d’économiser 32 tonnes de plastique par an.
Auchan et Leclerc ont également pris des mesures en la matière : remplacement des barquettes plastique des ateliers boucherie et poissonnerie par des barquettes en fibres végétales 100% compostable, développement des produits en vrac en alimentaire comme non-alimentaire, etc.
Or si cela va dans le bon sens, est-ce suffisant ? La réponse est non, selon l’Association nationale de consommateurs et usagers (CLC), qui a mené entre février et mai 2022 une enquête dans neuf enseignes de la grande distribution française sur plus de 250 produits alimentaires. Le résultat est sans appel : produits sur-emballés, contenants trop grands par rapport à la taille réelle des produits, etc.
Peut mieux faire donc, d’autant plus que « certains membres du Pacte national sur les emballages plastiques, notamment Carrefour, ont réussi à proposer des emballages éco-conçus uniquement cartonnés », note l’association.
Économies d’énergie : l’autre grand sujet
La sobriété énergétique est l’autre grand chantier sur lequel travaillent les enseignes de la grande distribution. Des actions qui peuvent prendre des formes très diverses : réduction de 50% de l'éclairage avant l'arrivée du public, extinction des enseignes lumineuses à la fermeture des magasins, baisse du chauffage dans tous les espaces, meilleure gestion de la chaîne du froid, etc.
Le secteur est d’ailleurs un de premiers à s’être engagé sur des mesures concrètes depuis le lancement, le 29 juin 2022, du plan de sobriété énergétique. A fin 2022, quel est le bilan ? Plutôt encourageant, si l’on croit les propos de la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, qui a accordé un demi-satisfecit aux patrons de la distribution réunis le 14 décembre à son ministère. « Ce n’est qu’un début, il faut que cela se poursuive tout au long de l’hiver », a toutefois précisé la ministre.
Certaines actions et initiatives individuelles prises par chaque enseigne sont également à saluer. Carrefour fait ainsi partie des 100 entreprises françaises ayant signé la charte EcoWatt avec le gestionnaire RTE. Concrètement, la marque diminuera ponctuellement sa consommation d'électricité dans ses magasins en cas de pic de consommation électrique cet hiver, afin de soulager le réseau.
La diminution de la consommation électrique passe également par d’autres actions plus ciblées. Lidl a par exemple généralisé les portes sur tous les meubles frais et entamé un énorme chantier pour remplacer tous les allogènes par des Leds. Le groupe n’exclut d’ailleurs pas de réduire les horaires d’ouverture de ses magasins si la tension électrique est extrême, mais cela n’interviendrait « qu’en dernier recours », indique Michel Biero, le directeur exécutif de Lidl France.
Enfin, les enseignes de la grande distribution continuent de poursuivre leurs efforts en matière de développement du photovoltaïque. Nous vous invitons d’ailleurs à consulter cet article qui aborde le sujet plus en détail.
D’autres actions en faveur de l’environnement
Agir partout où il est possible de le faire. En matière d’environnement, il n’y a pas de petit geste. Le Super U de Châtaigneraie (Vendée) l’a d’ailleurs prouvé puisqu’il teste depuis l’été 2022 un système de désinfection à l’eau courante, totalement innovant. Grâce à une cellule d’électrolyse placée sur le toit du bâtiment, l’eau génère du chlore directement à partir des sels minéraux qui la composent.
Ce nouveau procédé permet ainsi de réduire l’utilisation des produits chimiques utilisés pour le nettoyage au des laboratoires et outils de charcuterie, boucherie ou fromagerie. Actuellement en test, ce système pourrait être généralisé à d’autres enseignes Super U en France dès 2023.
Autre mesure, cette fois à destination du recyclage, avec « Auchan Nouvelle Vie ». Le groupe s’est associé depuis 2020 avec l’opérateur Patatam (aujourd’hui Rediv) pour développer un service de seconde main avec un double objectif : limiter la réduction des déchets, et faire concurrence au leader de ce domaine, Vinted. En 2021, 310.000 pièces de seconde main avaient ainsi trouvé preneur. Face aux 8 millions de ventes de la marque distributeur In Extenso (Auchan), cela peut paraître dérisoire, mais là encore, il n’y a pas de petite action.
Du côté de Lidl, le groupe avait annoncé dès 2020 qu’il avait pu valoriser 84% des déchets générés par son activité. Un chiffre qui est monté à 88% en 2022. Pour y parvenir, les employés du groupe doivent trier rigoureusement les cartons et les déchets alimentaires sur place grâce à une signalétique claire.
Ensuite, une entreprise spécialisée vient récupérer les différents éléments pour pouvoir les transformer, notamment en biomethane, énergie qui sert d’ailleurs à faire rouler une partie de la flotte de camions du groupe livrant les différents supermarchés.
Concernant le « déchet industriel banal, non recyclable », Lidl indique que celui-ci ne dépasserait pas les 10% en 2025.