« Notre mission est de remailler ce territoire commercial en adaptant le retail au mode de vie des gens qui apprécient encore de vivre dans des territoires péri-urbains ou ruraux. », David Gabai, co-fondateur de BOXY
Mais alors, comment fonctionne BOXY, ce nouveau format de magasin ? C’est David Gabai, l’un des co-fondateurs de la solution, qui nous offre un tour d’horizon de cette solution innovante en abordant :
- les spécificités de BOXY ;
- ce qui la différencie d’Amazon Go ;
- ce qu’il y a derrière la solution ;
- les éventuels obstacles rencontrés par l’enseigne ;
- les prix des produits proposés ;
- les objectifs de la marque.
Les détails du « nouveau retail » à la BOXY
Grâce à au concept BOXY, ou plus précisément grâce à l’initiative des co-fondateurs Tom Hayat et David Gabai (notre interlocuteur), le commerce de proximité franchit un palier.
Et pour comprendre « Le premier réseau de points de vente de proximité et de magasins autonomes », comme le définit David Gabai, il faut se pencher sur ses 3 particularités :
Le format :
BOXY, c’est d’abord des conteneurs maritimes aménagés en supérettes. Pour être fonctionnels, ils ont généralement besoin de 15 m² au sol et d’une prise électrique.
Ce qui fait qu’en plus d’être mobile et transportable, le retailer est installable sur quasiment partout : parking, zones industrielles, ou même friches.
La technologie autonome :
Pour la comprendre, il faut retracer le parcours client. Assez simple d’ailleurs, puisqu’acheter en BOXY se fait en 3 étapes :
- Téléchargement de l’application suivi de la création d'un compte avec des informations comme le nom, le prénom, l’adresse mail et les renseignements sur la carte bleue ;
- Scan du QR code à l’entrée du point de vente, ce qui fait office de clé et qui, en même temps, vaut pré-autorisation pour la carte bleue ;
- Achat en libre-service type supérette et débit automatique sur la carte. Sauter le passage en caisse est possible grâce aux algorithmes de reconnaissance d’images et à la technologie de capteurs pour la constitution de paniers virtuels.
L’offre :
BOXY, ce sont 250 références alimentaires avec des produits frais, des boissons, des produits d’épicerie sucrée et salée ainsi que des articles d’hygiène et d’entretien.
Celles et ceux loin des commerces pourront faire leurs courses en toute facilité et à des prix, pour reprendre les termes de David Gabai, « loin de ce que peut être une épicerie traditionnelle de centre-ville où tout est deux fois plus cher. »
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Un Amazon Go bis ?
Pour rappel, Amazon Go propose des prestations similaires. Et David Gabai ne le nie pas.
Toutefois, une précision est à faire et le co-fondateur l’a faite : « On a une approche du marché complètement différente. »
Alors, oui ! Le parcours client et la technologie peuvent paraître semblables. Mais il ne faut pas oublier que quand Amazon Go s’implante dans les zones urbaines où la concurrence est aussi bien ancrée, BOXY s’établit là où la concurrence est absente, et là où la demande est grande.
Les rouages de BOXY
Aujourd’hui, on voit plus BOXY dans le pourtour de l’Île-de-France avec une quarantaine de magasins. Et avec ses 2 à 3 nouveaux points de vente ouverts chaque mois, d'ici fin 2022, BOXY pourra atteindre les 50 conteneurs placés.
Pour l’année prochaine, les chiffres seront nettement revus à la hausse puisqu’il serait question de 150 magasins avec une ouverture sur d’autres régions ; notamment en Auvergne-Rhône-Alpes et dans les Hauts-de-France.
Pour le choix du lieu d’emplacement : « Le modèle de déploiement est unique en son genre dans le retail. Il se rapproche plus en fait du développement d‘équipement public. »
Concrètement, les démarches BOXY pour déterminer un emplacement se font en 3 temps :
- du pur retail pour déterminer la cible marché : qualification de la ville, définition du nombre d’habitants, identification de la concurrence, étude des flux de passage ;
- identification de la cible logistique où le réassort est plus facile. À noter qu’aujourd’hui, BOXY a des micro-entrepôts ;
- développement commercial avec une équipe structurée (directeur d’expansion, commerciaux, prospecteurs téléphoniques). Elle aura, au final, pour but de présenter les avantages qu’offre BOXY aux municipalités. Comme l’explique David Gabai, le discours s’apparentera à :
« Vous n’avez pas de magasin, vos habitants en ont besoin. » Avec Boxy, « on valorise des espaces qui sont complètement inutilisés. » Avec à la clé, une redevance qui était alors inexistante pour l’utilisation de l’emplacement.
Côté logistique, l’entrepreneur explique : « On a un modèle logistique qui est assez proche de la distribution automatique. » avec :
- Des entrepôts où les principales tâches sont réalisées : passation de commande, contrôle de la marchandise, intégration des DLC dans les logiciels, préparation des commandes ;
- Des livreurs qui approvisionnent 4 à 6 magasins chacun qui ont fait leur liste de courses grâce à un suivi de stock en temps réel et une prévision de vente précise.
Les freins (ou pas) de BOXY
Si cette partie ne s’intitule pas uniquement « les freins de BOXY », c’est parce que les points qui suivent n’en sont pas.
D’abord, sur le rapport entre les seniors et la technologie, David Gabai l’affirme : « On sous-estime la numérisation ! ».
BOXY, c’est 15 % d’utilisateurs seniors qui sont très représentés dans les villes et villages. Le problème n’est donc pas tant le manque de maîtrise de ces outils, mais surtout la confiance. Sur ce panel et dans les zones moins digitalisées, il est relativement plus question de montrer que la carte bleue est sécurisée et que toute éventuelle surfacturation sera réglée dans des délais tout ce qu’il y a de plus court.
« Par contre, la connexion, ça c’est un enjeu. » Le réseau 4 G n’est ni égal, ni constant. BOXY a donc travaillé sur sa technologie pour qu’elle fonctionne même à bas débit.
Les prix chez BOXY
David Gabai ne s’en cache pas, le prix des produits chez BOXY est un peu plus élevé que ce que l’on peut rencontrer dans les hypermarchés. Néanmoins, le jeune entrepreneur pointe du doigt la question des coûts cachés.
« On essaie de pas mal sensibiliser les consommateurs, dans certains axes de communication, à une lecture de leurs achats à coût complet. »
Tout simplement, lorsque l’on fait des courses, surtout si l’on est loin des points de vente, il faudra prendre la voiture et ainsi payer de l’essence. Donc, les quelques centimes de moins que l’on pense gagner ne couvrent presque jamais le coût du carburant pour le déplacement.
Une remarque d’autant plus pertinente avec le prix à la pompe qui flambe.
La vision BOXY (et vue sur le marché)
L’objectif, comme annoncé par David Gabai, peut paraître ambitieux, mais est tout à fait concevable avec un monde où les habitudes de consommation évoluent. Surtout que de grandes enseignes de la distribution se mettent aussi à travailler sur de nouveaux modèles.
Et comme l’explique notre interlocuteur, le but n’est pas de remplacer les courses, mais de libérer les consommateurs de leurs contraintes. L’idée et donc de ne plus être soumis aux exigences de l’emplette hebdomadaire à jour fixe et avec la crainte du produit manquant ou en quantité insuffisante.
Dans son projet de développement, BOXY veut naturellement s’installer dans plus de régions, mais souhaite (et propose déjà) des expériences qui touchent. C’est par exemple le cas des machines à café dans 4 BOXY.
David Gabai a même un grand rêve pour sa clientèle ; que cette dernière trouve, en BOXY, une vraie zone d’activité. Les clients pourraient alors y trouver : « leur pizza, leur café, leur hot-dog, leur beignet, leur croissant, leur pain, leur épicerie. »
À ces nouvelles implantations et à cette envie de diversification, pourraient s’ajouter dans un futur pas si lointain, des collaborations avec de grandes enseignes de la distribution. Certaines d’entre elles auraient évoqué leur envie de se servir de la technologie de BOXY sous leurs noms. Les échanges auraient aussi porté sur le réapprovisionnement de BOXY.
Mais, quel que soit le chemin que prendra BOXY, l’enseigne semble être sur le chemin de l’expansion.