Des peintures blanches réflectives pour limiter le besoin en climatisation lors des fortes chaleurs, c’est le pari qu’a fait la startup finistérienne Cool Roof France implantée à Le Faou (29).
Depuis sa création en 2015, l’entreprise bretonne a mis au point une peinture acqueuse à base de coquilles d’huîtres pour revêtir les toitures noires des bâtiments.
Depuis le début de l’application de ce revêtement sur le toit de l’Hypermarché Leclerc de Quimper, il y a bientôt 9 ans, Frédéric Lachèvre, Vice Président associé Cool Roof France, constate une baisse de l’empreinte carbone du magasin de 7000 mètres carrés et une réduction de ses factures d’énergie.
Il nous explique.
Tout commence en 2014, à partir d’un postulat fort : « climatiser les grands espaces pollue trop ; et les fluides frigorigènes provoquent l’émission de gaz à effet de serre. »
A l’époque, l’Hyper E.Leclerc de Quimper, Bretagne Finistère-sud, situé en zone climat H2a, souhaite réaliser des économies d’énergie, abaisser son empreinte carbone et réduire ses besoins en réfrigération, notamment ceux liés à la climatisation. « Ils étaient en plus confrontés à des problèmes d’électricité et de toiture », explique Antoine Horellou, Directeur de l’entreprise Cool Roof signifiant « toit frais », en anglais.
Abaissement d’énergie primaire de l’ordre de 12%
Si le procédé n’est pas nouveau (il trouve son origine dans le secteur de l’aéronautique américain), il tend à se développer en Europe.
C’est donc après deux années de recherche et avec le soutien de la Région Bretagne, que l’entreprise finistérienne propose sa solution innovante à base d’eau et de coquilles d’huîtres.
« A la différence des substances toxiques utilisées outre atlantique, nous voulions opter pour un produit à base d’eau et continuer à éco-sourcer les formules de nos produits.
Le fait de changer la charge minérale de la peinture par de la coquille d’huître est en soit un vrai progrés écologique et technologique », explique Frédéric Lachèvre.
À la suite de son application sur le toit du bâtiment de l’Hyper quimperois, les effets sont immédiatement visibles : jusqu'à 6°C de moins à l’intérieur l’été et un besoin en climatisation quasi nul.
« Depuis son installation, on constate un abaissement de notre énergie primaire de l’ordre de 10 à 12 % », explique Fréféric Lachèvre.
Les autres entreprises concernées, à l’instar de l’Hyper E.Leclerc de Quimper, qui n’a utilisé la climatisation que deux jours l’été dernier, réalisent une économie de près de 20000 euros par an.
Peinture réflective ou bouclier thermique : comment ça marche ?
Cette technologie, qui n’est pas nouvelle et existe depuis au moins cinq ou six siècles, utilise une résine aux propriétés techniques extrêmement complexes, qui renvoie l’intégralité du spectre lumineux.
La couverture blanche qu’elle crée permet de rejeter un maximum de lumière et d’abaisser la température à l’intérieur du bâtiment par « non adjonction des calories provenant de la luminosité naturelle », raconte Frédéric L.
Autre constat réalisé lors des tests : entre les zones de toit non peintes et la zone blanche peinte CoolRoof, des écarts sensibles de température sont notables dès l’apparition d’un rayonnement solaire incident.
Cet écart dépasse régulièrement les 30°C en été.
Quels sont les bénéfices à long terme ?
La peinture CoolRoof est compatible avec tous les toits dont elle prolonge la durée de vie grâce à une primaire d’accroche garantie 10 ans.
Elle améliore le fonctionnement de la climatisation (ou permet de s’en passer), ce qui est confortable pour les salariés et les clients des bâtiments concernés.
De plus, la peinture ne contient pas de résine fluorée, ce qui facilite son entretien et protège l’environnement.
Enfin, un tel bâtiment situé dans une zone d’ensoleillement plus fort, pourrait générer des économies plus importantes, et donc améliorer le ROI.
Quel avenir pour l’entreprise bretonne Cool Roof France ?
Si le procédé tend à se développer autant, c’est en partie lié au réchauffement climatique, mais pas uniquement.
L’entreprise doit son succès à sa capacité à innover.
En 2018, elle remporte le prix de la création d’entreprise aux victoires de Bretagne.
Depuis, la start-up finistérienne voit ses demandes exploser, passant de trois à une vingtaine de salariés.
Quels chiffres retenir ?
• Le cool roofing existe depuis 5 ou 6 siècles.
• L’Hyper E.Leclerc et ses bâtiments s’étendent sur plus de 15 000 mètres carrés, ce qui n’a pas été un frein au projet, au contraire.
• L’été dernier, l’Hyper E.Leclerc a utilisé la climatisation 2 jours maximum.
• « Depuis son installation, on constate un abaissement de notre énergie primaire de l’ordre de 10 à 12 % »