Que ce soit en alimentaire ou en non-alimentaire, l'Intermarché oeuvre pour lutter contre le gaspillage et milite au maximum pour le recyclage. Nous avons rencontrés Franck Billaut, adhérent du magasin pour faire le tour de ses nombreuses actions.
Recyclage des bouteilles plastiques, des mégots, cartouches d'encre, piles...
En France, seuls 61% des bouteilles et flacons en plastique sont recyclés. A Montauban-de-Bretagne, ce pourcentage est sans doute bien supérieur grâce au kiosque Reco installé sur le parking de l’Intermarché : « j’ai été le premier à en avoir un dans le département », souligne Franck Billaud, le directeur général du magasin de 2500 m2. Via le kiosque, les clients sont invités à y déposer leurs bouteilles plastiques contre un ou deux centimes d’euro l’unité. Les sommes engrangées sont utilisables sous forme de bons d’achat à valoir dans le supermarché.
Après le dépôts des bouteilles par les clients, les déchets sont compactés à l’intérieur de la machine puis acheminées vers un centre de tri. Selon leur composition, elles sont ensuite transformées en paillettes ou granules afin d’être recyclées dans les usines du groupe Suez sous forme de nouvelles bouteilles ou… de pulls.
Le système fonctionne très bien à Montauban depuis 2016. Un million de contenants plastiques sont récupérés par an. Cela représente l’équivalent de 15 000 euros en bons d’achat distribués par l’Intermarché. Selon Franck Billaud, les clients qui déposent leurs emballages dans le kiosque le font certes pour des raisons écologiques mais surtout financières : « beaucoup de personnes ont du mal à boucler les fins de mois. À partir du 15, il y a des chèques en provision. Certains payent en petite monnaie ». Chaque centime est donc bon à prendre quand on doit se nourrir.
Le chef d’entreprise a aussi installé dans le hall du supermarché des bacs pour récupérer les cartouches d’encre et les piles. Il travaille avec l’entreprise MéGo qui donne une seconde vie aux mégots de cigarette.
3000 repas par mois sauvés grâces aux dons alimentaires
Du côté de la valorisation des invendus alimentaires, l’Intermarché est également à la pointe. Il fait partie des commerces partenaires de l’application Too Good to Go qui permet aux consommateurs d’acheter des invendus à la fermeture à petits prix.
Il a aussi un partenariat avec la société Phénix qui se charge de donner ses invendus à différentes associations caritatives. Restos du coeur, conseil des migrants, coeur résistants… Chaque jour, une association différente passe pour récupérer des produits. La mécanique est bien huilée. « Toute la logistique est assurée par Phénix. C’est plus simple pour nos collaborateurs », remarque Franck Billaud. Celui-ci paye à Phenix une redevance proportionnelle à la valeur des dons, ce qui lui donne aussi le droit de défiscaliser. « Nos dons représentent l’équivalent de 3000 repas par mois, soit une valeur d’environ 10 000 euros ».
Sa lutte contre le gaspillage ne date pas d’hier. Déjà, il y a 20 ans, alors qu’il dirigeait un Intermarché dans le sud de la France, il s’était résolu à ne plus mettre ses invendus dans la benne. « Aujourd’hui encore, je me demande comment ça a pu exister », confie Franck. Il s’était même organisé pour donner ses invendus à des personnes défavorisées mais n’a pas pu poursuivre faute de soutien localement.
Les gens n’ont pas un regard bienveillant vis à vis de la grande distribution. Pour eux, on est seulement là pour faire de l’argent.
Une volonté d'aller encore plus loin, mais confronté aux idées reçues de la grande distribution
À Montauban-de-Bretagne, il a proposé de mettre à disposition une partie de ses terrains à une association pour qu’elle puisse y créer des jardins partagés. Elle n’a malheureusement pas donné suite. « Elle voyait dans ma démarche une volonté mercantile », raconte-t-il, un brin désolé et amer.
Comme elle, d’autres associations ont refusé de travailler avec Franck Billaud, de peur d’être considérées comme des « faire valoir de la grande distribution qui n’a pas bonne réputation ». Seule solution pour gagner la confiance: s’inscrire dans la durée. Un travail de longue haleine contre les préjugés. « Les gens n’ont pas un regard bienveillant vis à vis de la grande distribution. Pour eux, on est seulement là pour faire de l’argent. L’année dernière, c’était encore pire pendant la crise sanitaire. On nous a reproché tous les maux de la Terre, notamment d’être ouverts alors que tout le monde était fermé. Sauf qu’on avait rien demandé. On a fait du chiffre d’affaires mais il faut voir dans quelles conditions… On a mis nos collaborateurs en danger en permanence. Il a fallu les calfeutrer derrière du Plexiglas. Les gens ne se rendent pas compte ».