Alors que certains pays ont déjà pris la décision de confiner les populations, l’éventuel reconfinement en France fait grincer des dents les professionnels de terrain de la grande distribution.
« On n’ose même pas y penser », concède cette employée de rayon, « personne ne veut revivre le mois de mars ». Le confinement n’est pas encore pleinement d’actualité, mais les récents couvre-feux dans plusieurs départements français démontrent que le virus continue de se propager en France.
Alors forcément, les réminiscences de mars 2019 pointent. Difficile de se projeter sur un éventuel retour du confinement en France. Les professionnels craignent une nouvelle fois des conséquences d’une telle décision. De quoi donner des sueurs froides à nombre d’entre eux.
“Il va falloir être prudent avec les commandes de Noël”.
Fatigue générale et crainte de la propagation du virus
Dire que les professionnels de la grande distribution sont fatigués serait un euphémisme. Depuis plusieurs mois maintenant, le quotidien des professionnels de la grande distribution a changé. Les mesures barrières, les efforts consentis pour dynamiser les rayons qui ont perdu de leur plan merch’, complété aux vives réactions des clients, a de quoi entacher les morals des troupes : « j’ai bossé pendant le premier confinement en contractant le Covid19 au mois d’avril », nous explique d’ailleurs ce salarié « fatigué par cette épidémie », « j’aimerais passer à autre chose» complète-t-il.
Ces témoignages d’employés usés et fatigués par ces dernières semaines sont nombreux. L’épidémie a non seulement exposés le secteur au risque de contamination de ses salariés, il a aussi freiné de nombreux projets : « j’étais en train de chercher un autre projet professionnel avant que tout commence », regrette cet employé jeune diplômé, « tout cela a retardé mes projets et ce n’est pas prêt de se décanter, et surtout, c’est devenu encore plus compliqué de trouver du travail quand on est jeune diplômé », concède-t-il.
En magasin, les professionnels reconnaissent ne pas en parler entre eux : « on ne parle pas de ça, mais on se dit parfois que si ça intervient avant Noël, les équipes risquent de ne pas tenir ».
Idem chez ce responsable de rayon frais qui se dit focalisé sur la gestion des rayons et des dates : « on n’en parle plus entre nous, car on sait que tout le monde en a marre ». S’ils sont nombreux à se taire pour ne pas détériorer l’ambiance, dans les faits certains réfléchissent déjà aux mois qui viennent : « nous sommes très vigilants sur les commandes de Noël, cette fin d’année ne ressemblera à aucune autre », explique ce responsable, « on lève déjà le pied sur les commandes de foie gras et de saumon fumé, il y en aura beaucoup moins qu’en 2019 », annonce-t-il en prévoyant déjà les conséquences d’un confinement dans les semaines qui viennent.
Un reconfinement déjà redouté
Quand on les interroge, peu s’autorisent à croire à un confinement. La période de mars/avril dernier a laissé des traces. « Personne n’espère un reconfinement », concède cette employée, « s’ils mettent en place un couvre-feu, c’est aussi dans l’espoir que pour Noël nous puissions être en famille. En vérité, l’hypothèse d’être en famille à Noël est compromise. Il va falloir être prudent avec les commandes de Noël », explique-t-elle.
On n’imagine pas quelles seraient les conséquences de cette décision, mais de l’aveu même de certains, « on se dirige vers deuxième confinement ou un couvre-feu plus long », explique l’un d’eux, « nous sommes beaucoup à ne pas y croire par rapport au fait que l’économie s’effondrait, mais malheureusement je pense que le couvre-feu c’est la dernière étape avant le reconfinement…».
Hélas, « si le gouvernement nous reconfine ce sera une catastrophe pour beaucoup », regrette déjà un salarié, « attention aux ruées dans les magasins. Franchement je n’espère pas revivre cette ruée comme en mars dernier…».
Preuve que le spectre de mars dernier est encore dans les esprits…