Alors que les consommateurs se sont rués au sein des magasins de la grande distribution pour s’approvisionner par crainte de pénurie dans cette période de confinement dû au Covid-19, d’autres acteurs de la consommation ont dû s’adapter pour vider leur stock alimentaire afin de pallier à tout gaspillage.
Les scènes de cohue dans les magasins contrastent fortement avec les scènes actuelles de files d’attentes et de filtrage à l’entrée des magasins de la grande distribution. En parallèle, les centres-villes sont vidés et de nombreux commerces ont dû baisser le rideau jusqu’à nouvel ordre. Conséquence directe : des activités à l’arrêt, des salariés au chômage partiel et des réserves alimentaires pleines qui ne seront pas servies aux consommateurs.
Pour sauver ces tonnes de nourriture, de vastes opérations de sauvetage alimentaires ont dû être menées en urgence pour récupérer ce qui peut l’être auprès des industriels, des restaurants, des commerçants et auprès de la restauration collective. Durement touchés par la fermeture et directement impactés par les mesures prises pour le confinement, ce sont des tonnes nourritures stockées qu’il a fallu sauver.
Phenix au coeur d’un sauvetage alimentaire de grande envergure
Le start-up fondée par Jean Moreau, que nous avons d’ailleurs interrogé au micro du podcast Têtes de Gondole, a été ces derniers jours au coeur d’une activité de sauvetage sans précédent. Objectif : récupérer des tonnes stocks de produits alimentaires pour éviter qu’ils terminent leurs courses à la poubelle.
“Phenix c’est une solution qui amène les industriels et les distributeurs sur la route du Zéro déchet alimentaire” nous expliquait d’ailleurs son fondateur en février dernier. En fonction des volumes, les produits récupérés sont ensuite donnés aux associations, soit directement vendus sur l’application Phenix. Compte tenu de l’événement, Phenix met d’ailleurs son application à disposition des commerçants gratuitement pour les prochaines semaines. La start-up assure ne pas prendre de commission.
Des dons aux associations et une redistribution via l’application pour les particuliers
De nombreuses opérations ont ainsi été mené auprès de grands industriels. Près de 2 tonnes de produits frais ont été récupérés auprès de grands acteurs tels que Transgourmet (fruits et légumes), Buffalo Grill, Big Fernand, Poké Lab, la famille Finest Lunch ont donné à plusieurs associations à Paris et Lille avec le soutien des équipes de la start-up.
Organisée par Phenix, une même opération a été réalisé auprès de Coca-Cola. En effet, ce sont pas moins de 4 camions de produits destinés à la restauration hors foyer (Coca Coca Zéro, Tropico, Fanta Sprite) qui ont été donné à des hôpitaux de la région parisienne, Marseille & Dunkerque.
Une opération d’une autre envergure auprès de Picadeli
Phenix a là encore permis le sauvetage auprès de l’enseigne de Bar à salade libre-service, Picadeli. Deux associations, La mie de Pain (Paris 13ème) et Alteralia (Aubervilliers) ont ainsi pu récupérer les produits donnés par l’enseigne. Au total, ce sont environ 2 tonnes de nourriture, principalement des salades en sachets et des salades composées, qui ont pu être partagés entre les associations.
Face à cette crise liée au coronavirus, l’enseigne, 1er acteur des bars à salades en France, a décidé de fermer tous ses restaurants malgré la possibilité de livraison à domicile. “Nous considérons chez Picadeli que rien n’est plus précieux que la santé de nos collaborateurs et de nos consommateurs. Dans ce cadre, nous avons pris la décision difficile mais nécessaire, de fermer temporairement nos bars à salade” témoigne David Bicheron, CEO de Picadeli tout en complétant “et ceci, même si l’autorité européenne de sécurité des aliments, l’EFSA, affirme que la consommation d’aliments n’est pas un vecteur de transmission du COVID 19”.
L’enseigne de bars à salade attache un engagement profond contre le gaspillage alimentaire “il était inconcevable pour nous de détruire nos stocks de produits” nous explique son CEO. “Face à cette situation singulière, nous sommes heureux de savoir que 2 tonnes de nos marchandises seront redistribuées à des personnes dans le besoin grâce aux associations « La mie de pain » et « Alteralia » ainsi que notre partenaire Phénix que nous tenons tout particulièrement à remercier”.
Des milliers de repas sauvés via l’application
Sur l’application, Phenix a également pu sauver de la nourriture en le distribuant directement aux particuliers.
Ainsi, l’application Phenix a permi la vente de paniers de produits frais italiens récupérés auprès de l’enseigne Big Mamma. Ce sont plus de “800 paniers” qui ont été vendus assure l’entreprise.
L’application a également fédéré les 200 restaurants du réseau La Fourchette. En moins de 24 heures, l’application a permis de sauver de la poubelle plusieurs tonnes de nourriture. “Sur la seule journée de dimanche, l’application Phenix a enregistré 8000 nouveaux utilisateurs” commente d’ailleurs Clément Carreau, porte-parole de la plateforme. « Les gens ont cherché à aider les commerçants. Il y a eu un vrai mouvement solidaire des consommateurs envers les commerçants » complète-t-il.
Des associations au ralenti et des plus démunis dans le besoin
C’est un constat malheureusement cruel dans cette période inédite en France et une conséquence collatérale de cette crise sanitaire qui traverse la France.
Faute de bénévoles, les associations tournent au ralenti. Une situation qui signifie que les plus précaires ne peuvent plus s’approvisionner aussi facilement. Les plus démunis ce sont ces personnes âgées, ces personnes dont la retraite ne permet pas de vivre dignement, des migrants, des sans domiciles fixes, etc. Ces personnes ne peuvent se permettre de se ruer dans les supermarchés.
Pour l’association La Mie de Pain le constat est alarmant. L’association héberge 360 personnes, seulement des hommes, à qui on donne un repas midi et soir, à cela s’ajoutent les repas extérieurs pour environ 250 bénéficiaires en temps normal. Dans cette période, le président constate une baisse de repas distribués à l’extérieur. “Ces derniers jours par exemple seulement 130 repas sont livrés quotidiennement au lieu des 250 habituels” insiste-t-il.
“L’une des causes c’est que les déplacements sont maintenant restreints et qu’on a des personnes dans l’incapacité de présenter l’autorisation de déplacement qu’impose le gouvernement” regrette-t-il.
Après la pénurie, la crainte d’un surstock
Cette ruée des consommateurs dans les supermarchés ne sera pas sans conséquence. Pour répondre à la demande de ces derniers jours, de nombreux magasins ont été dans l’obligation de rehausser leur niveau de commande afin d’assurer le meilleur service possible.
Le retour au calme n’est pas de bon augure pour les stocks. En attendant, les réserves sont pleines. Si pour les produits secs (épicerie, liquide) cela ne représente aucun problème, les problématiques sont déjà plus nombreuses pour les rayons frais.
La crainte d’une pénurie a provoqué une autre crainte de surstock qui devrait entraîner une autre crainte : celle de la gestion d’un gaspillage alimentaire auprès des distributeurs.