« Le franchisé Carrefour est devenu l’agriculteur de la grande distribution » : Le cri d’alerte des franchisés sur un modèle en crise

Interview avec Anthony Thébaud franchisé Carrefour à Rennes depuis 2012 et vice-président de l’Association des Franchisés Carrefour (AFC) qui explique les conditions à laquelle sont confrontées de nombreux franchisés.
« Le franchisé Carrefour est devenu l’agriculteur de la grande distribution » : Le cri d’alerte des franchisés sur un modèle en crise

Depuis plusieurs années, les franchisés sous pavillon Carrefour dénoncent une situation économique de plus en plus intenable. Entre marges réduites, loyers en hausse et difficulté à négocier avec leur enseigne, ils se battent pour préserver leur rentabilité. Anthony Thébaud, franchisé Carrefour à Rennes depuis 2012 et vice-président de l’Association des Franchisés Carrefour (AFC), tire la sonnette d’alarme et explique pourquoi de nombreux exploitants se mobilisent aujourd’hui pour changer le modèle.

Dans un podcast, il nous partage sa passion du métier mais aussi ses inquiétudes quant au modèle de la franchise.

Un modèle de franchise qui s’est dégradé

Ancien défenseur du modèle Carrefour, Anthony Thébaud a vu l’évolution du système depuis plus de 13 ans. Il se souvient d’une époque où la location-gérance était un tremplin vers l’indépendance : « j’ai démarré en bas de l’échelle à une époque où la location-gérance Carrefour était un modèle vertueux, qui donnait aux jeunes envie d’entreprendre pour devenir leur propre chef d’entreprise et accéder à la propriété d’un fonds de commerce », raconte en préambule le chef d'entreprise.

Mais en l'espace de 10 ans, ce modèle a évolué dans un sens inquiétant, selon lui : « ce qu’on dénonce aujourd’hui, c’est que ce modèle économique est perturbé par la gourmandise de Carrefour. Ils ont augmenté de manière exponentielle les loyers, qui étaient viables à environ 4%, et qui aujourd’hui oscillent entre 9 et 12% », alerte notre invité. Alors que les coûts d’exploitation explosent, les franchisés sont pris à la gorge : « le problème, c’est que la marge n’a pas suivi. Pendant ces treize années, la marge que Carrefour nous a donnée n’a évolué que de 1 % », regrette-t-il.

La conséquence ? Les franchisés Carrefour se retrouvent avec une rentabilité en chute libre et des conditions de travail de plus en plus difficiles.

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Les achats, un levier de survie pour les franchisés : la genèse du projet X

L’un des points clés du combat des franchisés repose sur les conditions d’achat des marchandises imposées par Carrefour. Selon Anthony Thébaud, les prix d’achat sont de 10 à 15% plus élevés que ceux de leurs concurrents, ce qui explique les prix de vente parfois perçus comme excessifs en magasin : « notre client, la première remarque qu’il nous fait, c’est : “Oui, le patron vit bien, vu le prix auquel il vend la marchandise.” Mais ce qu’il faut comprendre, c’est que la marchandise est vendue cher parce qu’on l’achète cher », explique Anthony.

Face à cette impasse, les franchisés ont décidé de réagir en mettant en place un projet audacieux : le “projet X”, une initiative visant à transférer une partie de leurs achats vers un autre distributeur.

Aujourd’hui, on arrive à trouver des solutions qui nous permettent d’acheter 15% moins cher cette marchandise, justement au travers ce projet de transfert d’achat. Donc c’est qu’il y ait un problème. Si aussi petits nous sommes, on arrive à trouver des solutions individuelles ».

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