Dans la grande distribution, chaque minute compte. Pourtant, l’efficacité dans l’allocation du temps reste un défi pour de nombreuses enseignes. Geoffroy d’Argenlieu, président de Timeskipper, revient sur l’importance de rendre utile chaque heure de travail dans un secteur où le temps est devenu une ressource rare et coûteuse.
« Notre métier, c’est d’aider les enseignes à rendre utile chaque heure de travail », explique-t-il. « Il y a 15 ans, nous étions précurseurs sur ce sujet. Aujourd’hui, l’heure de travail est devenue rare et chère. C’est une variable qu’il faut bien maîtriser. »
1. Comprendre les enjeux : temps perdu et surcharge de travail
Le temps perdu se décline sous plusieurs formes. Geoffroy distingue trois situations principales :
1️⃣ Le temps sous-utilisé
« Cela correspond aux moments où des personnes sont au travail mais n’ont pas assez de tâches à accomplir. Elles finissent par attendre ou faire les choses plus lentement parce qu’on ne leur a pas donné de nouvelles consignes. »
2️⃣ La surcharge de travail mal répartie
« Dans d’autres cas, certaines équipes sont surchargées alors que d’autres ont du temps disponible. Ces déséquilibres conduisent souvent à refaire les tâches non terminées, et on perd ainsi deux fois le temps nécessaire. »
3️⃣ Les tâches inutiles ou chronophages
Geoffroy souligne également que « certaines actions prennent trop de temps ou n’apportent pas de réelle valeur ajoutée. »
Ces inefficacités cumulées représentent jusqu’à 30% du temps de travail total dans certains magasins. « Cela signifie qu’un tiers du potentiel est gaspillé », insiste-t-il.
2. L’approche humaine au cœur de l’optimisation du temps
Pour Geoffroy, optimiser le temps ne doit jamais se faire au détriment des employés. « L’objectif n’est pas d’aller plus vite ou de faire courir les équipes », affirme-t-il. « L’enjeu, c’est de prendre le temps nécessaire pour bien réaliser les tâches tout en respectant les collaborateurs. »
Cette philosophie repose sur plusieurs principes :
- Équilibre et bien-être : « Si vous imposez des cadences infernales, vous cassez non seulement vos équipes, mais aussi l’ambiance de travail. Les meilleurs éléments finissent par partir. »
- Disponibilité client : « Nous sommes avant tout des commerçants. La disponibilité envers le client est primordiale. C’est notre premier devoir. »
- Normalisation des processus : « Il est crucial de normaliser les temps pour que les tâches soient réalisées dans des conditions équilibrées, sans pression excessive. »
3. Mesurer pour mieux allouer les ressources
Une gestion efficace du temps commence par une mesure précise des tâches et des besoins. « La première chose pour occuper les gens, c’est de savoir à quoi on les occupe », explique Geoffroy. « Cela implique de déterminer quelles tâches ils doivent accomplir, combien de temps elles prendront, et comment les allouer en fonction des compétences et des priorités. »
Timeskipper propose une solution innovante pour suivre ces données en temps réel. « Nous calculons le temps nécessaire pour chaque tâche et comparons cela aux ressources disponibles. Cela permet de savoir qui est libre, qui peut aider, et comment utiliser les heures disponibles de manière efficace. »
Par exemple, Geoffroy évoque un cas concret : « Si une équipe dispose de deux heures libres, plutôt que de les laisser inactives, nous pouvons utiliser ce temps pour former les collaborateurs sur une nouvelle collection ou pour ranger les réserves. »
4. Cas pratique : les risques du sous-staffing
Geoffroy partage une expérience marquante pour illustrer les conséquences d’un mauvais équilibre des ressources. « Dans un magasin, nous avons constaté qu’il manquait une à deux personnes dans chaque équipe. Cette situation devenait insoutenable pour les managers, qui devaient constamment remplacer les absents au lieu de se concentrer sur leurs responsabilités principales. »
Les conséquences furent lourdes : « Six mois plus tard, le manager, pourtant très compétent, a démissionné. Nous avions averti le directeur que cela arriverait s’il ne réagissait pas. »
Cet exemple souligne l’importance d’une planification proactive et d’une répartition équilibrée des tâches. « Investir dans les ressources humaines, c’est garantir une organisation stable et performante à long terme. »
5. Anticiper les besoins grâce aux outils modernes
L’un des atouts de Timeskipper réside dans sa capacité à anticiper les flux de travail grâce à l’intelligence artificielle. « Nous utilisons des algorithmes sophistiqués pour prévoir les flux de clients et de marchandises. Cela nous permet d’allouer les bonnes ressources au bon moment, et ainsi d’optimiser les opérations en magasin. »
Geoffroy insiste également sur l’importance d’impliquer les équipes dans ce processus. « Il ne suffit pas de leur fournir des outils. Il faut aussi les former et leur montrer comment ces données peuvent les aider à mieux s’organiser. »
6. Une approche centrée sur l’humain et les résultats
Pour conclure, Geoffroy d’Argenlieu rappelle que l’optimisation du temps en grande distribution est avant tout une question humaine. « La gestion du temps, c’est avant tout comprendre les besoins des équipes et leur offrir les outils nécessaires pour réussir. »
Il ajoute : « Une organisation bien pensée ne profite pas seulement à l’entreprise, mais aussi aux clients et aux collaborateurs. Quand les équipes sont bien soutenues, elles sont plus motivées et performantes, ce qui se traduit par une meilleure expérience client. »
Conclusion : le temps, un levier de performance durable
Optimiser chaque heure de travail, c’est maximiser les résultats tout en préservant le bien-être des équipes. « Le temps est une ressource rare et précieuse. En le gérant de manière intelligente, on peut atteindre une performance durable et équilibrée », conclut Geoffroy d’Argenlieu.
Cet article démontre que l’optimisation du temps n’est pas seulement une question de productivité, mais aussi un investissement dans les ressources humaines et la satisfaction client.