L'avenir du commerce appartient à ceux qui prennent les meilleures décisions

L’avenir du commerce repose sur des décisions stratégiques alliant innovation, pragmatisme et gouvernance adaptée pour répondre aux besoins des clients et anticiper les évolutions du marché.
L'avenir du commerce appartient à ceux qui prennent les meilleures décisions

2024 aura été une année importante dans le paysage de la grande distribution - avec en fait majeur la descente de Casino et le rachat des magasins par Intermarché, Auchan et Carrefour.

Dans une mini-série, on revient sur les actus clés de l'année 2024. On revient cette fois-ci sur les questions d'organisations et de gouvernance, un enjeu clé pour prendre les meilleures décisions et préparer le commerce de demain.

La gouvernance : un véhicule adapté au terrain

Selon Noël Zierski, la gouvernance et l'organisation jouent un rôle crucial dans le succès des indépendants : « Il faut avoir un véhicule adapté au terrain qu'on pratique », explique-t-il dans ce podcast. Il explique cette métaphore en ajoutant :

« Si on veut aller se balader dans des coins un peu reculés, il faut un 4x4. Dans l’entreprise, c’est pareil : il faut avoir la bonne structure, la bonne organisation qui permet de faire le voyage que l’on doit faire ».

Noël identifie quatre éléments clés qui font la force des indépendants en matière de gouvernance

  • le primat du magasin
  • la collégialité et l'intelligence collective,
  • la culture de l'action et du pragmatisme,
  • et une forte culture de service tournée vers les magasins et les clients.

Explications.

Le primat du magasin au cœur de la compétitivité

Pour Noël, « le magasin, c'est le gagne-pain, c'est le patrimoine du chef d'entreprise indépendant ». C'est cette connexion directe avec leur magasin qui pousse les indépendants à en faire une priorité absolue, en investissant dans l’implication du personnel et dans des équipements pour le maintenir au meilleur niveau de compétitivité.

Contrairement aux intégrés, les chefs d'entreprise indépendants conservent une liberté de décision : « À tout moment, le chef d'entreprise peut ne pas suivre l'enseigne s'il estime avec ses équipes qu'une décision, qu'un outil n'est pas efficace ». Cette autonomie limite les risques de décisions mal adaptées qui peuvent affecter tous les magasins, comme cela arrive dans les enseignes intégrées.

La collégialité et l’intelligence collective

Bien que chaque indépendant gère son magasin en toute autonomie, la collégialité est une autre force fondamentale : « Même si les indépendants font ce qu'ils veulent dans leur magasin, il y a beaucoup d'échanges, entre voisins géographiques ou dans les fonctions centrales ». Ces interactions permettent aux indépendants de partager des idées, d'adopter les meilleures pratiques, et de rester dynamiques. Noël souligne aussi la compétition amicale entre magasins, où l’émulation pousse chacun à faire de son mieux : « Il y a de l'intelligence collective. On a envie de faire mieux que son voisin, de lui dire ‘tiens, moi j'ai fait ça et ça marche bien’ ».

La culture de l'action et du pragmatisme : moins de bureaucratie, plus d'efficacité

L'un des aspects qui distingue particulièrement les indépendants des enseignes intégrées, c'est leur approche pragmatique : « Il y a un peu moins de bureaucratie, on passe un peu plus vite à l'action ». Cet esprit d'action se traduit par une approche directe des problèmes, avec moins de réunions et de formalités.

Pour illustrer ces propos, Noël donne l'exemple du succès du drive : « Le drive ça a été inventé par Auchan. Mais aujourd'hui, les drives, c'est Leclerc », résume-t-il. En adoptant rapidement des concepts qui fonctionnent, les indépendants, comme Leclerc, ont réussi à dominer le marché du drive en France, avec plus de 730 drives. « C'est 50% de part de marché à eux-seuls », poursuit notre invité.

Une culture de service au bénéfice des magasins

Enfin, chez les indépendants, la structure centrale est au service des magasins et non l’inverse :

« Les structures communes, comme la centrale d'achat ou les bases logistiques, sont au service des magasins, car les associés, les adhérents sont propriétaires des magasins et copropriétaires des structures communes ».

Dans certaines enseignes intégrées, on observe parfois que les magasins sont au service des fonctions centrales, ce qui n'est pas le cas chez les indépendants. Cette relation inversée renforce la flexibilité et l’efficacité des magasins indépendants, qui ont toujours en tête la satisfaction de leurs clients.

« Les Intégrés font les Comptes Avant, les Indépendants les Comptent Après »

Cette philosophie des indépendants pourrait se résumer en une phrase « Les intégrés font les comptes avant, les indépendants font les comptes après », repris par Jonathan Le Borgne. Cette phrase décrit bien l’approche plus intuitive et moins centrée sur la prévision des indépendants : « Aujourd'hui, la phrase que tu viens de citer est tout à fait vraie. », commente Noël. Cette différence d’approche entre les intégrés et les indépendants met en lumière un modèle où l'action est privilégiée, avant les projections financières.

« Les intégrés font les comptes avant, les indépendants font les comptes après »
« Les intégrés font les comptes avant, les indépendants font les comptes après »

Pour autant, le modèle indépendant n’a pas toujours été aussi différent de celui des intégrés. « Il y a très longtemps, il n'y avait pas autant de différences entre les intégrés et les indépendants », rappelle-t-il. Mais l’évolution de la gouvernance, de la culture d’entreprise et de la relation avec le terrain a permis aux indépendants de prendre une longueur d'avance.

Cependant, Noël conclut en rappelant que « le match n'est pas fini », chaque modèle devant poursuivre ses efforts et réévaluer ses pratiques pour répondre aux besoins du marché.