Le paysage de la grande distribution est en plein chamboulement. Après la transformation des magasins Casino sous pavillon Auchan et Intermarché, c'est au tour de Carrefour de récupérer, pour 1,05 milliard d’euros, les 175 magasins du groupe Louis Delhaize - 60 hypermarchés Cora et 115 supermarchés Match.
Pour les 22 000 salariés de Cora, cette annonce est vécue comme un premier soulagement : « nous étions dans l'attente depuis plusieurs mois », commente ici un salarié de l'enseigne Cora, « jusqu'à il y a encore quelques jours, nous savions à travers plusieurs réunions que le changement serait imminent, mais cela fut toujours vague ». « L’essentiel était que l'on conserve notre travail ce qui est déjà très important », commente un autre.
Car oui, le premier soulagement est là. De nombreux salariés de l'enseigne craignaient en effet une casse sociale : « aujourd’hui encore, malgré les panneaux d’affichage mis dans les bureaux, les annonces de bienvenues, nous sommes toujours dans l’inquiétude concernant notre avenir. Notre hiérarchie nous rassure », explique ici un salarié. Le président de Carrefour Alexandre Bompard a lui aussi tenu à rassurer les collaborateurs : « c'est quasi exclusivement un projet de croissance de l'emploi et de développement que nous voulons mener avec Cora et Match », a-t-il rassuré les nouveaux salariés du groupe. À l'heure actuelle, les postes sont conservés.
« Il faut voir sur le long terme ce que ça va donner. Il y a tellement de choses qui vont entrer en ligne de compte. On sait que le passage en location-gérance est un volet de la stratégie Carrefour. L'enseigne reste très opaque sur le sujet »
Même travail, enseigne différente
Dans les faits, ce changement est la suite logique de l'Histoire de la grande distribution. Les fusions et rachats ont toujours fait partie de l'actualité ces dernières années : « pour exister, pour faire face à la concurrence qui se renforce, il est évident que certains groupes vont avoir du mal à résister sans passer par ce style d'opération », reconnait, lucide, un salarié d'un magasin Cora. « Cette opération va renforcer les centrales d'achats. C'est un changement nécessaire pour redonner de la dynamique aux magasins », renchérit un autre.
Pour de nombreux salariés, l'arrivée dans cette nouvelle enseigne ne provoque pas de grands remous sur leur quotidien : « personnellement je suis pour ce changement. Cela étant, on passe d'une entreprise familiale à une société financière où l’argent est une priorité ». « Je bosse dans un Carrefour depuis 17 ans et pour ce n'est pas un problème. Cela reste le même travail tout simplement, c’est que l’enseigne qui change », explique un salarié. « Il faut voir sur le long terme ce que ça va donner. Il y a tellement de choses qui vont entrer en ligne de compte. On sait que le passage en location-gérance est un volet de la stratégie Carrefour. L'enseigne reste très opaque sur le sujet », souligne un salarié qui entrevoit l'éventualité à moyen terme d'un nouveau changement.
Un changement de nom officiel prévu pour octobre
Quand à la culture d'entreprise, les salariés estiment que Carrefour a aussi à apprendre de Cora : « Cora c'est avant tout un esprit de famille et des relations saines avec ses collègues et ses managers », précise ici un salarié. « On veut garder des équipes soudées dans le changement et conserver une autonomie dans notre travail », commente un autre.
Pour le changement de nom, il faudra attendre octobre : « les clients sont déjà avertis du magasin. À l'entrée du magasin, des affiches ont été placardées pour officialiser l'annonce », ajoute un salarié.