Pour certains, c'est une évidence. Pour d'autres, un rêve. Devenir son propre patron écarquille les yeux de nombreux professionnels de la grande distribution qui se voient prendre les rênes d'un point de vente, en toute autonomie.
Dans le commerce, ce rêve est rendu possible par le biais de la franchise. À partir d'un capital à disposer à l'entrée, de nombreux managers, directeurs de magasins, choisissent une enseigne pour s'offrir un nouveau challenge à leurs carrières.
Plusieurs enseignes proposent un système de franchise : les enseignes alimentaires comme Carrefour, Netto ou Intermarché, mais aussi d'autres enseignes auxquels on y pense moins comme Cash Express, Bébé 9 ou Bazarland.
Quels apports personnels faut-il avoir pour ouvrir une franchise
Pour ouvrir une franchise, un capital de départ est demandé. Voici le montant nécessaire d'apport personnel parmi les enseignes les plus connues (les chiffres ont pu évoluer de quelques milliers selon différentes sources) :
- Bazarland : 75 000€
- Bébé 9 : 120 000€
- Biocoop : 80 000€
- Bureau Vallée : 90 000€
- Carrefour Proximité : 7500€
- Casino Shop : 75 000€
- Coeur de Frais : 110 000€
- Franprix : 100 000€
- Intermarché : 150 000€
- King Jouet : 50 000€
- Le Grand Panier Bio : 50 000€
- Monoprix : 400 000€
- Monop' : 150 000€
- Mr Bricolage : 150 000€
- Netto : 65 000€
« La franchise c'est une sacrée expérience, avec ses bons et mauvais côtés » : quand devenir son propre implique de nouvelles responsabilités
Pour ceux qui ont franchi le pas, la franchise a été tremplin dans leur carrière : « je l’ai fait pendant 11 ans, c'est une sacrée expérience avec ses bons et mauvais côtés », explique ici cet ex-franchisé, « mais depuis je suis redevenu salarié et c'est quand même mieux », tempère-t-il.
Car la franchise implique de nombreuses qualités. De la persévérance, de l'abnégation, de la patience... ce qui fait le quotidien d'un entrepreneur : « forcément il faut s'attendre à beaucoup travailler. Il faut de suite comprendre que tu travailles avec une enseigne et qu'il y a des règles à respecter », explique ici ce franchisé d'une enseigne alimentaire, « cela implique aussi de ne pas compter ses heures. Personnellement, je travaillais jusqu'à 70 heures par semaine du lundi au samedi inclus et avec 3 semaines de congés par an », souligne-t-il.
L'argent, le premier frein pour de nombreux professionnels
Si ce n'était pas qu'une question d'argent, beaucoup de professionnels se jetteraient à l'eau : « le problème c'est qu'il faut des sous », explique ici un manager de rayon, « je me suis déjà renseigné, j'ai l'expérience, j'ai déjà eu des rendez-vous avec la chambre du commerce et diverses autres structures d'aide, mais pour certaines enseignes l'apport dépasse les 100 000€ », déplore-t-il. Un autre manager dresse le même constat : « j'ai l expérience, mais l'argent... j'ai déjà essayé de me lancer, car j'étais prêt pour reprendre un Intermarché peu importe où en France tant qu'il tourne bien », mais sans succès pour ce manager expérimenté.
Même scénario pour ce manager : « j'ai voulu me lancer aussi. J'ai suivi une formation entrepreneur/créateur d'entreprise, mais pour être patron il faut de l’argent. Celui qui en a peut ouvrir une entreprise sans rien connaitre, mais pour ça il faut des finances », regrette-t-il.
« J'aimerais bien me lancer », explique ici cette poissonnière, « j'aimerais avoir mon petit camion ou même un petit étal à moi », mais son projet est en suspens pour le moment « à cause du prix du poisson aujourd'hui. L'entreprise ne tiendrai pas longtemps, les gens mangent moins de poissons, ont moins de pouvoir d'achat, sans compter la hausse des couts de l'énergie... », s'impatiente-t-elle. Pour le moment, elle « préfère la sécurité que le risque ».
Pour d'autres l'argent a moins été un problème : « bien sûr il faut du capital au départ, mais l'argent n'est qu'un facilitateur. Le plus important quand on se lance en franchise c'est votre expérience et votre détermination », précise-t-il, « l'argent n'est pas le souci majeur et honnêtement l'apport est possible à plusieurs ou par un montage de dossier en chambres de commerce ou des métiers. Il faut passer par des commissions et défendre votre projet pour débloquer des aides », poursuit-il.
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La franchise est un « un saut dans le vide »
Ce nouveau statut, de manager à patron d'une entreprise, est un vrai chamboulement pour ceux qui osent se lancer : « Je démarre la formation pour Netto après 15 ans chez Intermarché, c'est motivant, mais c'est aussi un saut dans le vide. Je vends ma vie pour en faire une autre », explique ici un futur franchisé.
Pour se lancer, certains regrettent le manque d'informations : « dans mon magasin par exemple, un Intermarché, aucune communication n'est affichée. C'est un peu tabou. Alors du coup, il faut aller chercher les informations, personne ne t'apprend à entreprendre, tu dois te débrouiller seul », raconte ici un manager qui s'est lancé récemment , « il faut s'armer de patience, faire des recherches et contacter les bonnes personnes. Il faut croire en soi surtout, car tout le monde est capable de voler de ses propres ailes. C'est possible avec de la passion, de l'envie, et surtout du travail. Il faut faire ses preuves, ne pas avoir peur d'oublier son confort du moment, de pousser des portes et d'avoir une bonne dose de culot », poursuit-il.
De manager à patron de magasin : plus d'autonomie et surtout un meilleur salaire
« La différence de revenu entre mon salaire de manager et celle d'aujourd'hui est x2 », raconte ici un franchisé. Ce constat est partagé par ceux qui se sont lancé : « je suis franchisé Carrefour et je gagne plus de 50k (après impôts) de prime en plus de mon salaire », s'enthousiasme l'un d'eux, « oui il faut travailler, oui les marges sont faibles », renchérit-il.
Pour cet autre franchisé Carrefour qui s'est associé avec sa femme, le constat est le même : «avec ma femme qui est aussi mon associée, on gagne 4000€/net par mois. Bien sûr il y a des hauts, des bas, mais le jeu en vaut la chandelle et sans Carrefour je n'en serai pas là », assure-t-il.
La question de la reprise, un axe compliqué à aborder
Devenir franchisé, c'est une histoire professionnelle qui implique un début et une fin. Souvent négligée, la fin doit être mûrement réfléchi, avant même que le projet commence.
Être franchisé c'est un pas, mais la revente en est un autre : « Le plus dur n'est pas d'être franchisé, mais de revendre ton magasin quand tu veux arrêter. Tu dois espérer que le futur acheteur veuille bien continuer à bosser avec ton enseigne tu devras payer des pénalités en cas de changements », raconte ici cet ancien franchisé de 47 ans qui « ne regrette vraiment pas son choix, mais qui souhaite un autre rythme de vie avant d'aller en retraite à ce rythme là ».
Pour cet autre franchisé d'un Carrefour Contact qui souhaite partir à la retraite prochainement, la revente est plus complexe : « je communique sur les réseaux sociaux et le réseau Carrefour », explique-t-il, « j'ai rapidement eu des contacts, une quinzaine environ dans les 3 premiers mois. À ce jour 2 candidats restent en course qui doit chacun prendre rendez-vous avec moi, avec leur comptable, leur banquier. Je pense qu'ils vont attendre le prochain bilan en mai pour se décider », raconte-t-il. Dans des cas de reprises, il y a plusieurs difficultés : « la première c'est l'emprunt, l'achat des parts, l'achat des murs, auquel il faut ajouter une somme importante pour la remise au nouveau concept contact. Cela représente 900 000€, c'est une somme », confirme-t-il tout en voulant rassurer que « c'est leur société qui rembourse les crédits ». « La deuxième difficulté c'est le statut de Carrefour qui détient 26% des parts de la société. C'est un frein à la revente oui, car l'enseigne dispose de sa minorité de blocage sur les décisions ».