Ces opérations de caddie mystères et de vente de colis perdus font partout la Une des médias mainstreams. Véritable opération pour certains, surconsommation, gaspillage et lacunes du magasin mis en lumière par d'autres, ces opérations attirent une poignée de consommateurs à qui on promet une bonne affaire en achetant trois fois moins cher un caddie valorisé à une centaine d'euros.
La démarche des caddies mystères est née du côté d'Auchan Dieppe, premier magasin de l'enseigne à le proposer à l'automne dernier, poussé notamment par des vidéos devenues virales sur les réseaux sociaux. Les caddies mystères attirent des consommateurs en quête de bonnes affaires.
À l'intérieur pourtant, les consommateurs ignorent totalement ce qu'y trouve : « j'ai 68 ans et j'ai gagné un lot de couches pour bébé et des petits pots. Je suis content, je vais pouvoir me servir des deux », ironise ici un client qui a souhaité s'en offrir un.
Des actions chez Auchan, Carrefour et Intermarché
Popularisées, ces opérations ont gagné du terrain ces dernières semaines. Plusieurs magasins Auchan notamment, mais récemment Carrefour qui étend l'idée jusque dans ses magasins. Et selon nos observations, des actions marginales se répandent également chez Intermarché.
Sur le papier, l'idée est séduisante pour l'entreprise et s'apparente même à un coup de génie marketing :
- déstockage de produits difficiles à vendre, voire devenus invendables ;
- générer du trafic en magasin ;
- ... et le moyen de vider des réserves qui débordent.
Mais pour le consommateur, il y a plus à perdre qu'à y gagner. S'il fait une bonne opération sur le plan comptable avec un rabais d'environ 60%, cela :
- va créer de la déception ;
- est anti-conso responsable (message pourtant martelé par les enseignes ces dernières années) puisqu'un incitant à la consommation de produits dont les consommateurs n'en ont pas à priori besoin ;
À noter par ailleurs que l'enseigne se dédouane de toute responsabilité. Les caddies ne sont ni repris ni échangés. C'est dire.
Mais ces opérations cachent surtout des lacunes dans la gestion des magasins. Le non alimentaire est en souffrance. Les soldes n'attirent plus. Conséquence, les réserves sont pleines. « N’y a-t-il pas un problème de gestion à la base de tout cela ? », pointe d'ailleurs un internaute. « Ce type de charriots mystères [...] ne répondent pas aux besoins des consommateurs, mais uniquement aux besoins des entreprises, qui souhaitent avant tout se débarrasser de produits invendus », résume un autre. « Avec ce type d’opérations commerciales, les clients achètent finalement des produits que ces sociétés ne parvenaient pas à vendre, alors qu’initialement ils n’auraient pas fait ces achats », conclut un autre.
Cette chasse aux trésors « fait croire aux clients qu'il s'agit d'une superbe affaire pour eux. Or, dans la majorité des cas, c'est une perte d'argent, car les "mystères" ne répondent pas à un besoin »,
Une opération de surconsommation qui exploite « l'espoir » et la misère des gens
Les avis divergent quant à cette pratique trompeuse pour les consommateurs : « À l'heure de l'écologie et où on essaie chacun à notre niveau de réduire l'empreinte carbone de cette planète, on va emballer un caddie de plastique », alerte d'ailleurs un internaute.
Cette opération marketing, bien huilée, qui consiste à expliquer aux clients qu'il va économiser en dépensant de l'argent, est un piège dans lequel certains clients curieux et avide de « gain » tombent : ce piège a d'ailleurs un nom, « le mystery marketing », rappelle d'ailleurs le média Reporterre dans une analyse sur le sujet, cette technique presque religieux-consumériste vise à susciter de la curiosité pour un produit tout en le dissimulant sans savoir ce qu'on a à y gagner.
Pour finir, cette action est aussi une source de gâchis et de gaspillage. Plutôt que de finir par prendre la poussière dans les rayons d'un magasin, ils finiront dispersés et prendront la poussière dans les placards des consommateurs qui ne parviendront pas à les revendre sur le marché gris.