Lidl teste depuis septembre la semaine de travail de quatre jours pour certains de ses salariés en France. L'objectif est d'améliorer les conditions de travail, la fidélisation des employés et leur équilibre vie professionnelle-vie personnelle.
Cette initiative a de quoi susciter des conversations. La semaine de 4 jours est pour certains dirigeants du secteur incompatible avec ce secteur d'activité. À ce jour, 4% des entreprises françaises auraient déjà choisi ce modèle pour leur salarié. 4% qui représente 8000 entreprises (celles de plus de 10 salariés).
Si sur le papier la démarche est séduisante pour attirer et fidéliser les professionnels en magasins, elle n'en demeure pas moins complexe à mettre en place.
La semaine de 4 jours en grande distribution : qui fait quoi ?
Premier recruteur en CDI dans le secteur privé, les supermarchés et hypermarchés de France connaissent de vives tensions sur les métiers et connaissent des cas inédits de pénurie de main-d’œuvre. Historiquement mal réputée, des métiers ayant une faible attractivité, des contraintes horaires, un équilibre personnel compliqué, les métiers du secteur peinent encore à se réinventer. Les efforts en termes de marque employeur se cantonnent souvent au rang de la simple communication.
L'effort de Lidl de proposer la semaine de 4 jours semble séduisant. D'autres enseignes s'essaient à ce modèle d'organisation :
- depuis le printemps 2023, les enseignes So Bio et Bio c’ Bon testent dans quelques-uns de leur magasin la semaine de 4 jours dans quelques magasins. Les premiers résultats se montrent d'ailleurs encourageants au point que les deux enseignes réfléchissent à étendre le dispositif ;
- Carrefour teste également le dispositif du côté de la Belgique : les salariés sont invités à choisir d'effectuer une semaine à temps plein en quatre jours au lieu de cinq : ;
- Action en Belgique teste aussi la semaine de 4 jours, mais accessible uniquement aux salariés aux contrats ne dépassant pas les 28 heures par semaine ;
- Plus largement, le groupe LDLC et ses 1000 collaborateurs, l’un des spécialistes du e-commerce français, ont choisi de passer en 2021 à la semaine de quatre jours.
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Semaine de 4 jours : ce que pensent les salariés ?
Pour les enseignes citées ci-dessus, les résultats ont tout l'air encourageants : « on travaille 36 heures sur 4 jours avec 30 min de pause le midi. C’est top et on a beaucoup plus de temps libre. Cela devrait se généraliser pour attirer sur ces métiers, car travailler sur 6 jours, ça fait plus de petites journées certes, mais plus prenant mentalement aussi », explique ici un salarié Carrefour en Belgique qui fait partie des magasins expérimentant l'initiative. « Je bosse en grande distribution et je fais très souvent mes 30h sur 4 jours. J'aime bien, j'économise du carburant et je reste 3 jours à la maison, on a un peu plus de temps pour soi », complète une autre salariée.
« Pour que cela fonctionne, il faut que deux jours minimum soient consécutifs », explique ici cette salariée. « L'enchainement des jours peut parfois être un peu long, car les journées de 8 heures et plus ça pèse physiquement », explique ici une autre salariée, « pour des métiers comme le drive qui sont usants physiquement, cela parait incompatible », reconnait ici un salarié.
« Dans beaucoup d'enseignes, ça ne peut pas fonctionner : sur mes rayons frais moi j'ai déjà trois livraisons par semaine, c'est impossible de ne pas être là sur ces jours de livraison », explique ici une salariée.
D'autres salariés l'ont déjà testé et sont parfois revenus en arrière. Pour ce manager en GSS, le constat est clair : « j'étais personnellement convaincu que la semaine de 4 jours était géniale, mais quand j'ai commencé à gérer des plannings, je faisais autant que possible des plannings 4 jours à mes temps pleins. Sauf que voilà, la moitié était ravie, l'autre moitié préférait du 5 jours moins chargé. Ce sujet de la semaine de 4 jours est souvent présenté comme du progrès social, mais qui n'en est pas vraiment un... », souligne-t-il.
Une certaine façon de bousculer les idées reçues sur le secteur et en finir avec le 6 jours sur 7
Dans la grande distribution actuellement, une grande majorité de salariés travaillent toutefois 6 jours sur 7 : « j'aimerais déjà avoir un jour de repos en plus du dimanche de temps en temps », sourit ici un salarié comme pour rappeler que le commerce ne s'arrête jamais.
Pour d'autres, la démarche donne envie de revenir travaille dans le secteur comme explique ici cette ex-manager : « si la grande distribution propose ces horaires, je reviens y travaille sans problème. Bosser du lundi au samedi ça te flingue le moral et la santé. En tant que responsable, je faisais des journées de 10 heures et c'était difficile. Le seul problème si on est manager, c'est qu'il avoir le staff derrière pour assurer trois consécutifs sans encadrement »
Cette décision de l'enseigne Lidl est largement saluée et beaucoup attendent les résultats du test. Il faudra attendre 2024 pour avoir des résultats.