Environ soixante magasins Casino ont fermé leurs portes ce week-end pour quelques semaines, le temps de se métamorphoser en magasins Intermarché. Cette transition s'inscrit dans le cadre d'un accord entre Intermarché et Casino, l'un veut gagner de nouvelles parts de marché, quand l'autre veut alléger sa dette. Une décision survenue en mai dernier. L'accord convenait de la cession de 119 magasins en deux phases, avec une option pour une troisième vague comprenant environ soixante magasins.
Pour les salariés de l'enseigne, c'est désormais du concret. Les magasins cédés ces derniers jours - répartis majoritairement dans le sud-ouest et l'est de la France - vont passer sous pavillon Mousquetaires.
Du côté des équipes, l'inconnu demeure et beaucoup regrette encore le manque de visibilité. Ils ont partagé leur ressenti à l'approche de ce changement important.
Beaucoup de changements, aussi bien pour les clients que pour les salariés
« On sait qu'il va y avoir du changement autant pour le personnel autant pour les clients », explique ici un manager désormais ex-Casino. « C'est une page qui se tourne », regrette un confrère.
Ces dernières semaines, c'eût été éprouvant pour les salariés de l'enseigne : « évidemment c'est très dur après temps d'année », raconte cette employée, « ces derniers jours aussi ça faisait mal au cœur de voir ses réserves vides, ses rayons diminués, mais on va passer à autre chose. Il faut faire avec et peut être que c'est un mal pour un bien », termine-t-elle.
Pour certains salariés, cette étape n'était pas inédite reconnaît ce responsable : « la fermeture d'un magasin n'est vraiment pas facile à vivre. Moi je l'ai vécu 2 fois. Une 1ère fois en 2008 et 2ème fois en 2021. La 1ère fois je suis restée jusqu'à la fermeture de la porte, il restait un magasin vide de ses rayons et de ses meubles, c'était très dur à vivre ; la 2ème je suis partie avant, je ne voulais pas revoir ça. En tous cas oui, c'est toujours un moment compliqué quand on y a passé des années ».
Pour de nombreux salariés, une question reste en suspens : les emplois seront-ils maintenus ? Selon l'accord entre les deux enseignes, le personnel devrait être maintenu au minimum 15 mois, « après, c'est le flou total », regrette ici un employé. Il faut sans doute imaginer des conditions complexes pendant quelques mois : des départs non remplacés par exemple, gèle des recrutements, etc. Un autre renchérit : « aucune crainte à avoir. Il y aura forcément un peu de casse, mais les salariés font partie de la transaction. Il faudra juste changer les outils informatiques, c'est juste une transition », poursuit-il.
D'autres se veulent plus rassurants : « c'est compréhensible cet inconnu. Cela peut-être une opportunité de rebondir ou d'être dans un esprit positif. Tout dépend du soutien des managers », rassure cet employé.
« La fin du modèle des intégrés » pour certains
Sur cette fin difficile pour l'enseigne Casino, d'autres se veulent plus clairvoyants et reconnaissent que c'est aussi « le sens de l'Histoire ». À regarder le marché actuel, d'un côté des intégrés qui vacillent et de l'autre des indépendants qui poursuivent leur croissance, de nombreux salariés reconnaissent que le modèle des intégrés « ne fonctionne plus ». « Bien sûr on avait d'y croire, mais on le sait au fond de nous que l’avenir est aux indépendants et franchisés », explique ce manager en argumentant autour de la croissance de Leclerc et la stratégie de Carrefour de basculer ses magasins en location-gérance.
Des points positifs à intégrer Intermarché
Malgré cela, l'optimisme gagne certains salariés : « on va rejoindre l'enseigne Intermarché qui est en plein essor. L'enseigne s'est dotée de bons logiciels, des appareils ( Zébra TC57 ) qui ont amélioré le travail et le quotidien sur le terrain », rassure ici un salarié.
Pour certains, le passage d'une enseigne intégrée vers une enseigne indépendante est même une aubaine : « chez Intermarché tout est plus simple », explique un salarié de l'enseigne ex-Casino. L’adhérent décide et cela va plus vite. On a plus de réactivité. Il faut juste que les équipes oublient le schéma "groupe" et comprendre que tout se décide dans le magasin ».