L'initiative inédite et remarquée du Super U de Montluel dans l'Ain de proposer une prime à l'embauche aux nouveaux arrivants suscite de nombreuses réactions. On a creusé un peu le sujet.
Une communication sous couvert d'une pénurie de candidats, mais qui cache une autre réalité
En façade du magasin, difficile de passer à côté de la communication. Le Super U de Montluel affiche haut et fort offrir une prime à l'embauche de 1500€ à chaque nouvel arrivant. Le versement de cette prime se fait - selon nos informations - sous conditions et se matérialise de la façon suivante : 500€ au bout de 2 mois, 500€ au bout de 6 mois et 500€ au bout d'un an.
À noter que le magasin propose actuellement 10 postes en CDI qu'il peine à recruter... faute de candidats selon les propos relayés dans la plupart des médias.
Sauf que, ce que l'histoire ne raconte pas, c'est que le magasin vient de connaitre une vague inédite de démissions en seulement quelques mois : « le magasin a connu 18 démissions en 3 mois », nous explique ici une ex-salariée de l'entreprise.
Et selon nos informations, la communication mise en place depuis un mois, n'aurait pas vraiment abouti à obtenir de nouveaux CV : « pour le moment, quelques personnes ont été mises à l'essai mais elles ne sont pas restées plus d'une semaine », explique ici une salariée.
Le pour et surtout le contre d'une prime à l'embauche
Sur le papier, 1500€ de prime pour la signature d'un CDI, l'annonce est alléchante pour qui cherche du travail. Mais voilà, pour les professionnels du secteur, nombreux y voit un gros red flag pour choisir un magasin affichant un tel type de communication.
« Ce n'est pas une prime qui va attirer les gens », reconnaissent plusieurs salariés du secteur. Si l'argent est une motivation, elle n'est hélas pas « une condition suffisante » pour y postuler.
« Cette prime donne ici un effet inverse, c'est un gros red flag pour moi », reconnait ici une autre salariée, « ça veut surtout dire que le magasin a du mal à embaucher et qu'il y a probablement des problèmes en interne. Si le magasin en est à communiquer de la sorte est que personne ne reste, c'est qu'il ya un gros problème de management, fuyez ! », explique-t-elle.
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Du côté des solutions les salariés sont quasi unanimes
Offrir une prime aux nouveaux arrivants peut attirer des candidats certes, mais cette stratégie peut aussi avoir un effet inverse sur les équipes déjà en place : « c'est plutôt une prime de fidélité qu'il faut donner, ça se fait plus rare », s'exprime ici un salarié d'une autre enseigne, « tout le monde que c'est de plus en plus difficile d'embaucher, mais c'est encore plus dur de garder les meilleurs éléments », complète un autre confrère.
En outre, de nombreux professionnels estiment que le secteur souffre d'un manque de reconnaissance : « ces dernières années, on est en sous-effectif faute de candidats, on a beau aimer notre métier, on est tous sous-tension », regrette ici une manager expérimentée, « ça ne donne presque pas envie de postuler quand on y réfléchit bien ! ».
Du côté des solutions, les salariés recherchent surtout un meilleur équilibre : « augmenter les salaires oui, mais aussi avoir un jour de repos autre que le dimanche et valoriser les gens qui bossent tout simplement », réclament ici plusieurs salariés. « Il faut surtout offrir un cadre de travail plus agréable afin de garder les employés en bonne santé autant physique que psychique. Ça serait déjà un grand pas », exprime ici un salarié.
Des primes de parrainages aux salariés qui font venir des connaissances
Pour recruter et pallier le manque de candidatures, de nombreux magasins mettent actuellement en place des primes de parrainage. Cela consiste à être primé pour avoir coopté un candidat qui signe un contrat dans le magasin : « c'est quelque chose de courant dans mon magasin [Leclerc]. Nous avons une prime de 200€ pour celui qui fait venir quelqu'un. Cette prime est donnée au bout des 2 mois d'essai si la personne reste. J'ai parrainé une amie et j'étais bien content d'avoir 200€ », assure ici ce professionnel.
Face à la pénurie de candidats, la grande distribution n'a d'autre choix que de trouver des alternatives - souvent financières - pour attirer des salariés. L'outil n'est pas nouveau en soi, mais il devient plus encadré. Dans certains magasins, certains dirigeants évoquent même d’en faire un outil de motivation en interne.