À la (presque) surprise générale, Carrefour a annoncé ces derniers jours le rachat des enseignes Cora et Match, avec pour deux conséquences notables dans le paysage de la grande distribution : 1, Carrefour renforce son leadership en France ; et de 2, cela entraine la disparition de l'enseigne Cora et de Match en France.
Ce rapprochement a été mené discrètement par Alexandre Bompard. Alors qu'on s'attendait davantage à un mariage Carrefour-Auchan, c'est finalement sur Cora et Match que l'ogre Carrefour a jeté son dévolu.
Du côté du terrain, les interrogations pleuvent.
Le rapprochement Carrefour, Cora, Match en chiffres
En chiffres, cela représente :
- 175 magasins concernés, dont 60 hypermarchés et 115 supermarchés : on retiendra que les magasins rachetés sont majoritairement situé dans les régions du Grand Est et du Nord de la France, là où Carrefour est moins présent ;
- 24 000 salariés ;
- une part de marché potentielle de 22,5%
- un chiffre d'affaires de 5,2 milliards d’euros (hors essence) ;
- couts d'intégration estimés à 200 millions d'euros. ;
- un EBITDA de 189 millions d’euros ;
La finalisation de la transaction est elle prévue pour l'été 2024 pour un montant évalué à 1,05 milliard d’euros. Cette opération permettrait à l'enseigne de réaliser des synergies estimées à 110 millions d’euros d’EBITDA annuel dans les 3 ans. Il s'agit de la plus grosse acquisition du secteur de la distribution opérée en France depuis 20 ans.
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Une décision apprise par mail
Côté salarié Carrefour comme Cora/Match, c'était la grande surprise : « on a appris cela dans un mail de la direction envoyé juste avant la sortie dans les médias », explique ici ce manager chez Carrefour. Un autre d'expliquer : « l'information est arrivée par mail du DG. Notre directeur a fait une réunion de 20 min le lendemain pour répondre à d'éventuelles questions, sauf que lui-même n'est pas plus informé ».
Avec des craintes légitimes, certains rassurent déjà : « c'est une décision de l'entreprise. Nous on suivra le mouvement. Il n'y a pas grand-chose à faire, mais sincèrement j'espère que l'ambiance Cora restera. Mais bon d'ici 2024 de l'eau aura coulé sous les ponts », raconte ici ce manager chez Cora, « c'est juste l'enseigne qui change, la direction reste la même de toute façon », commente ici un autre salarié.
Un coup financier pour rester dans la course
Cette opération permet à Carrefour de venir talonner le leader actuel du secteur, Leclerc. Avec les 5 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel supplémentaires, cela permet à Carrefour de se porter au niveau de l'enseigne leader avec 22,5% parts de marché (même si d'ici un an, le marché aura encore évolué).
Cette « première acquisition majeure en France depuis plus de vingt ans » est avant tout un coup financier permettant à l'enseigne d'asseoir son empire et rassurer les actionnaires.
Du côté du terrain, les salariés s'inquiètent : « il faut s'attendre à être revendu et à passer en location-gérance », explique ici un salarié de l'enseigne, « c'est juste un coup financier. Surtout quand on sait qu'une autre vague de location-gérance va arriver en septembre pour des markets ».
À suivre, mais cette opération risque de provoquer encore de nombreux remous.