C'est sans doute une réaction très humaine. Tout ce qui détonne, tout ce qui sort des sentiers battus fait sourciller. Rappelez-vous en 2009 au moment où Facebook explose en France. Beaucoup d'individus ont rejeté la plateforme la qualifiant d'inutile ou d'effet de mode. Aujourd'hui le réseau social connecte un tiers de la planète.
15 ans après le raisonnement est le même. Lorsque Mark Zuckerberg a présenté le Métavers il y a quelques semaines, le grand public s'accorde à dire que cela est inutile, fantaisiste et est un caprice des grandes plateformes numériques de ce monde.
Ces raisonnements sont classiques. Toutes innovations sont par définition disruptives et répondront aux besoins des individus de demain.
En l'occurrence, le Métavers est le futur. Tout comme la réalité virtuelle, les cryptomonnaies, la blockchain, les NFT... Celles-ci vont permettre à ce monde numérique de se développer. Cela peut paraître dingue, mais ce sera le présent de beaucoup d'individus dans 10, ou 15 ans ou 20 ans.
Mais au fait, c'est quoi le Métaverse ?
Pour celles et ceux qui n'en ont jamais entendu parler, le Métavers est inspiré d'un roman de science-fiction de Neal Stephenson de 1992 « Snow Crash » qui imagine à travers ses lignes une réalité collective parallèle, en somme une forme de monde virtuel où les individus pourront évoluer eux-mêmes. Il s'agit d'un lieu numérique sans cesse actif où les individus pourront interagir avec n'importe qui, des lieux, des choses, un peu comme dans la vie réelle, et même y travailler ou se divertir.. Pour vous donner un exemple, le Métavers pourra facilement rassembler des milliers d'étudiants à une mise en scène de la guerre 14-18 et leur permettre de l'observer comme s’il y était. Cette technologie a l'ambition de remplacer l'Internet actuel.
Vous trouvez ça surréaliste ? C'est normal.
En réalité, ce Métavers est déjà encore de construction. Principaux instigateurs de ce chantier numérique colossal, le jeu vidéo Fortnite est une version naissante d'un tel Nouveau Monde. La plateforme de jeu Roblox se rapproche également de ce à quoi cela pourrait ressembler en ayant construit sa propre économie, permettant notamment à la communauté de joueurs de partager des biens virtuels.
Dans le même cas, Facebook avance sur le sujet de ce monde parallèle depuis plusieurs années. En ayant fait l'acquisition des casques de réalité virtuelle Oculus en 2014 et plus récemment en créant sa plateforme Facebook Horizon, une plateforme de réalité virtuelle actuellement en test.
Tous ces acteurs s'accordent à dire qu'il y a un potentiel gigantesque à proposer des expériences numériques immersives et nouvelles. Ce monde sera créé par tous, non pas par Facebook, mais pas tous : des individus, des marques, des entreprises technologiques, organisations gouvernementales et non gouvernementales. En fait n'importe qui.
Des produits virtuels, des marchés virtuels... le potentiel pour les entreprises est à explorer
Aussi surprenant que cela puisse paraître, le Retail au sens large pourrait vivre sa grande révolution à travers le Métavers.
Certains y voient déjà la capacité d'implanter des centres commerciaux, des boutiques et des magasins virtuels où les individus numériques pourraient y réaliser des achats de produit NFT et régler leurs achats en cryptomonnaie.
Sauf que voilà, transposer un ancien modèle vers un nouveau support, c'est comme penser que le prospectus papier a une vie sur le numérique. Inefficace, peu imaginatif et obsolète. Beaucoup d'experts s’accordent déjà à dire que transposer le modèle de l'ère industrielle dans ce Nouveau Monde n'aurait pas d'avenir.
Dans ce monde virtuel, les codes de la société réelle devraient sans doute se retrouver. ll sera ainsi aussi important de posséder une maison virtuelle, de posséder le dernier smartphone à la mode ou encore de porter des vêtements en fonction du statut social auquel est associé chaque individu.
Ainsi, comme dans la société actuelle, les marques auront besoin de répondre à la demande en proposant un assortiment toujours croissant de produits virtuels à des prix réels. Elles y créeront peut-être des espaces pour proposer des expériences d'achats. Aussi, les enseignes de la grande distribution pourront acheter des terrains, des immeubles, des infrastructures afin d'y créer des marchés virtuels pour permettre aux marques d'y vendre leur produit.
On retrouve déjà des expériences se rapprochant de ce monde virtuel. Ces exemples sont déjà des petits pas vers ce monde numérique :
- Ikea a initié une technologie de réalité augmentée pour permettre aux clients de créer leurs espaces à l'aide d'une application ;
- L'Oréal a lancé sa première gamme de cosmétiques virtuels ;
- Et Gucci a commencé à vendre des vêtements virtuels avec la paire de baskets Gucci Virtual 25.
Aujourd'hui, disons-le clairement, personne ne sait vraiment où on va. Mais on y va. Il faudra certainement plusieurs années pour que cela devienne une réalité et il faudra des ressources techniques et humaines pour faire tourner ce monde. On est d'accord, ce n'est pas pour tout de suite, mais cela devrait arriver plus vite que vous ne le pensez.