Sur le terrain, les professionnels se souviennent encore de ces matinées à remplir les rayons vite dévalisés par les clients. Un an après, ils racontent (et ils ne pèsent pas leurs mots).
Pour marquer les ans du confinement, nous avons sollicité celles et ceux qui étaient en seconde ligne. Eux, ce sont les professionnels des magasins dont nous avons suivi leur quotidien durant les premiers jours de cette pandémie.
Nous avons choisi de reprendre leurs témoignages tels qu’elle. Sans rien. Cela donne des phrases brutes, chocs mêmes, mais qui témoignent de la réalité à laquelle ils ont fait face durant les premiers jours de confinement. Un épisode dont beaucoup se souviennent comme si c’était hier.
Confinement en grande distribution : un an après, les professionnels des magasins racontent
Julien : « C’était des matinées horrible. Voir mes rayons dévastés en arrivant le matin m’a longtemps attristé… Des efforts pour beaucoup d’entre nous, les employés de rayon, mais pas assez pour être reconnu comme il devrait être… ».
Cette journée du 17 mars a laissé des traces : « quelle journée ce 17 mars, ce jour-là j’ai compris que l’être humain était encore plus pourri que je le pensais », commente Éric, « c’était vraiment un truc de fou, espérons ne jamais revivre une telle période. », ajoute Béatrice.
Audrey : « Que de souvenirs et honnêtement pas les meilleurs… en tant qu’employé c’était vraiment une période très très dure.. Avec nos collègues on tenait grâce à la cohésion de tous. Sans ceux cette période était invivables »
Kevin : « Mauvais souvenirs en caisse les premiers jours de ce premier confinement. Les premiers jours nous ont montré le pire de l’être humain »
Mathieu : « Les premiers jours tous les rayons étaient impactés. Je me souviens du directeur de mon magasin qui a déposé une palette de pain de mie comme ça dans l’allée, elle a été réduite à néant en quelques minutes ».
Emmanuelle : « Très mauvais souvenirs … d’une grande folie et d’une grande tristesse. Le premier samedi du confinement, je suis rentrée chez moi et j’ai pleuré choquée d’avoir vu autant de comportements sauvages… »
Déborah : « Très difficile d’oublier ce moment du manque de respect de politesse et ces gens prêts à s’entretuer pour le dernier paquet de papier toilette ou un paquet de pâte. Surbir autant d’égoïsme en peu de temps c’est épuisant. Les clients nous ont écœuré de notre travail épuiser et démotiver… »
David : « Avoir bossé comme un chien avec une tendinite à mon poignet droit. Être tombé malade pendant le travail de nuit entre le chaud du magasin et le froid de la réserve. Un dimanche mal mené avec un soupçon de risque de Covid. Deux semaines d’arrêt maladie pour ne prendre aucun risque. Tout ça pour revenir et remplir les rayons à fond et ne pas percevoir de prime ni de reconnaissance au même titre que d’autres employés. C’est écœurant ! J’en garde un très mauvais souvenir. Je ne referai pas deux fois cette même erreur. »
Sonia : « Mauvais souvenir. Les clients nous criaient dessus parce qu’il n’y avait plus de pâtes ni de farine. J’espère que cela ne se reproduira plus s’il y avait 1 prochain confinement ».
Alan : « Travaillant sur Mulhouse qui était le gros cluster et voir l’esprit animal des gens qui étaient l’un sur les autres…en rentrant le soir j’avais juste envie de pleurer !!!! »
Elizabeth : « Quand je relis les observations sur l’ordinateur, on voit que la Covid évoluait par stade (2,3,4…)… c’était une période de fous… depuis le 2ème confinement, les gens ne pensent qu’à eux, nous insultes, se croient au-dessus des lois, comme des gamins pourris gâtés à qui l’on doit tout céder…»
Karine : «Mon plus mauvais souvenir c’est le moment où on nous a donné ce masque, on se demandait vraiment ce qui allait nous arriver😳on se regardait tous sans savoir s’il fallait rire ou pleure »
Michèle : « Une période que je n’oublierai jamais, car il faut l’avoir connu dans le commerce pour le comprendre. Nous avons vu la vraie nature humaine, irrespectueuse, sans gêne et sans aucune moralité. Et oui nous avions tous eu peur, car nous ne comprenions pas ce qui se passait. Des chariots qui débordaient de partout, avec des pénuries dans certains rayons. Et oui on nous disait MERCI et maintenant plutôt MERDE. On n’a pas connu longtemps ce respect qui nous réchauffait un peu le coeur. »
Lenka : «C’était horrible on se croyait en temps de guerre et les gens étaient les uns sur les autres je m’en souviendrais »
Audrey : «Un moment très marquant pour ma part (et pour d’autres d’ailleurs) limite traumatisant. J’ai eu du mal à m’en remettre et même encore aujourd’hui quand j’y repense… on a vu la bêtise humaine de certains ».
Delphine : « On en a bien bavé quand même et un an plus tard on nous crache à la figure, car je cite « nous sommes des profiteurs. C’est désolant ».