C’est Jean Moreau, fondateur de Phenix et nouvellement lauréate de la French Tech 120. Pour la petite histoire, nous avons eu la chance de le recevoir le jour même de l’annonce le 20 janvier dernier.
Comment est né la start-up Phenix ?
Après un parcours qui pourrait faire envier de nouveaux étudiants en école de commerce, Jean s’est retrouvé à la quête de sens. C’est ainsi qu’il a eu l’idée de créer Phenix ! “C’est l’avenir !” sourit-il derrière notre micro. “Phenix c’est une solution qui amène les industriels et les distributeurs sur la route du Zéro déchet alimentaire”. L’activité s’articule “autour de trois canaux de valorisation” nous explique Jean Moreau afin d’écouler les invendus, c’est-à-dire tous les produits en date courte.
Proposer aux consommateurs une façon d'acheter des invendus
Ainsi, au lieu de mettre à la poubelle, aux incinérateurs, en enfouissement ou chez un prestataire de déchets, Phenix propose de revendre les invendus aux consommateurs à prix cassés. Le consommateur peut d’ailleurs télécharger l’application sur iTunes et sur Android et bénéficier de remise allant jusqu’à -70%.
Faciliter le relation associations et distributeurs
Pour les produits qui n’ont pas trouvé preneur, Phenix s’occupe dans un second temps de “proposer [les invendus] à des associations caritatives” à travers “une plateforme qui connecte les magasins et toutes les associations locales de solidarité”.
Assurer la valorisation animale des invendus
Dans un troisième temps, les derniers invendus terminent leur vie dans des filières animales, tel qu’une ferme, un centre équestre, une SPA, un refuge de chiens, etc. Ces derniers récupèrent ainsi les fruits et légumes trop moches, soit le pain trop rassis, soit la viande quasiment avariée.
Trois canaux de valorisation qui permettent de vider le bac de déchets produits au sein des enseignes de la grande distribution. “On arrive à remplacer le prestataire historique” assure son fondateur, au point d’avoir installé sa solution “auprès de 1000 points de vente”.
“Il y a un intérêt économique fort plutôt à gérer ces invendus plutôt qu’à les détruire”
La grande distribution cherche le zéro déchet
Un parcours entrepreneurial enrichissant et un parcours du combattant, surtout dans un secteur dans lequel il est difficile à convaincre. Le premier magasin “c’est le plus dur à avoir, de loin” se souvient Jean Moreau avant de compléter que “compte tenu des interlocuteurs, qui étaient soit des adhérents, soit des directeurs de magasins, on a axé le discours sur un plan très économique”.
“Une aberration économique, sociale, écologique” que le fondateur de la solution avance auprès des partenaires actuelles. S’il explique que les mentalités ont changé dans un secteur qui en 2014 ne se posait pas toutes ces questions, les pratiques demeuraient jusqu’alors “un peu marginales ou artisanales”.
“Aujourd’hui, du fait de la tendance sociétale, des lois qui sont tombées et du bruit médiatique” le marché s’est développé au point qu’il n’y a pas “un magasin en France qui n’a pas entendu parlé d’anti-gaspillage ou de solutions contre le gâchis”.
“Il y a un avant Phenix et un après Phenix”.
Le gaspillage alimentaire, un enjeu de communication pour la grande distribution
Autre argument avancé, en plus, d’assurer un équilibre financier pour les distributeurs, le fondateur explique également les enjeux liés à l’image de l’enseigne : “il y a une logique interne qui redonne du sens aux collaborateurs et un peu de coloration positive à des métiers un peu tension”.
Cet enjeu de communication, Phenix cherche “de plus en plus à le mettre en valeur en créant une marque forte” centré autour des nouvelles valeurs du consommateur d’une part, et d’autre part, orienté autour d’une “caution qui certifie l’engagement anti-gaspillage du magasin”.
Comment la Loi Garot a accéléré la lutte contre le gaspillage alimentaire
Après 3 ans de mise en service, la loi Garrot a indéniablement permis “l’émergence du marché en donnant un coup de projecteur politique, médiatique et sociétale”. Toutefois, “cette loi est encore perfectible” nous a expliqué Jean Moreau. “Cela n’a pas été aussi simple” assure-t-il puisqu’il y a un “décalage entre le texte de loi, sa mise en application concrète et les éventuels contrôles sur le terrain par des agents de la répression des fraudes”.