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Travailler en grande distribution : entre désamour, désintérêt et contrainte

Ce n’est un secret pour personne, la grande distribution est un pilier de notre économie en France.

Jonathan Le Borgne
Jonathan Le Borgne

Le chiffre d’affaires toutes enseignes confondues représentent pas moins de 10% du PIB national, une manne économique non négligeable d’autant plus que le contexte actuel laisse peu de place aux leviers de croissance.

Le commerce de détail ce n’est pas moins de 8% de l’emploi en France. Assurément colossal. Aujourd’hui encore, le secteur continu de recruter, et ce même en période de « crise ». Si le secteur mise essentiellement sur des bas salaires et cherche des « bras » pour remplir ses rayons, la grande distribution ne parvient pas vraiment à pallier ses difficultés de recrutement. Les enseignes tentent malgré tout de colmater les brèches d’une image ternie au fil des années. Les contraintes liées au secteur restent encore nombreuses :

Des salaires bas

Le niveau de rémunération reste un des plus faibles en France. Si la majorité des salariés sont en CDI (un luxe aujourd’hui), les salaires bruts médians ne dépassent guère les 1600€ pour un employé. Il faut malgré tout compter sur les nombreuses primes qu’offrent certaines enseignes. Les primes de participation et d’intéressement restent très attrayantes et peuvent représenter jusqu’à 17 mois de salaire pour des magasins performants. Ce chiffre peut même augmenter mais reste très rare.

Absence de syndicats

Le taux de syndicalisation reste faible (3,5% seulement). Chez E.Leclerc il est d’ailleurs fortement proscrit de revendiquer toute appartenance à un syndicat, sous peine de subir des pressions auprès de sa direction.

Horaires difficiles

Les horaires sont aussi très rudes. Les journées commencent très tôt et les employés terminent parfois leur journée quand la majorité des actifs français la commence à peine. Il y a un vrai décalage. Le métier exige une endurance et des performances physiques à des heures où le corps n’est pas toujours préparé. De nombreuses répercussions (TMS = trouble médico-squelettique) se font parfois ressentir des mois et des années après. Au-delà de ça, le juste-à-temps est de mise. La pression est aussi telle, qu’il est essentiel de fournir le travail nécessaire dans un temps imparti. Pas de places aux imprévues.

Polyvalence exigée

C’est la règle en fonction de la taille du magasin, mais la polyvalence est de mise. Chez les discounters par exemple, on peut aussi bien être en caisse qu’en rayon, que celui préposé au ménage.

Métier peu intéressant

Dans l’alimentaire, le métier d’employé est réduit à la mise en rayon. Au-delà des jolies mots de l’offre d’emploi « vous assurerez la bonne mise en marche de votre rayon » par exemple, le métier n’offre que très peu de missions plus épanouissantes. Les tâches sont répétitives. Toutefois, un bon manager saura donner la passion d’avoir un rayon toujours présentables pour la vente et impulser son équipe pour la bonne marche en avant. En revanche, dans les enseignes spécialisées (Décathlon, Boulanger, etc), les tâches sont différentes et deviennent plus variées. Le vendeur développe un argumentaire et assure un contact avec la clientèle. La mise en rayon est « moins explosive ».

Des effectifs coupés en 2

C’est lot commun dans le secteur. D’une part il y a les salariés stables et expérimentés qui ont signé un CDI, et d’autre part, des employés en CDD renouvelable qui naviguent de rayon en rayon pour pallier les remplacements et les vacances. Le turnover est régulier et les offres d’emploi ne sont là que pour remplacer des salariés. Non la grande distribution ne crée pas d’emploi !

Chez les cadres, la situation n’offre pas que des avantages. Si les rémunérations sur le papier restent correctes, les horaires sont très exigeantes et la polyvalence est souvent primordiale. Il faut être expérimenté mais pas trop, immédiatement opérationnel, être présent avant l’arrivée des équipes, et parfois même fermer le magasin et attendre que le dernier client franchisse la ligne de caisse.

Ces contraintes ne font pas rêver mais il y a des raisons de trouver sa dose d’optimisme. Le secteur reste un excellent tremplin pour les jeunes (lire aussi) et assure de belles carrières. Les plus motivés gravissent les échelons très rapidement. Fort heureusement, la grande distribution laisse encore la place à de belles histoires. Il faut être conscient qu’il n’y aura pas suffisamment de places pour tout le monde. Les places sont chères et les évolutions de plus en plus rares. Il convient d’être patient, rigoureux et surtout opportuniste.

Métier

Jonathan Le Borgne Twitter

Éditeur de Je Bosse en Grande Distribution. Passionné par la transition numérique des entreprises. Consultant, formateur et stratège en communication digitale pour la grande distribution.

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